Entre la Halakha dans son acception la plus rétrograde, et le sionisme, Benyamin Nétanyahou semble avoir opté pour la Halakha et contre le sionisme.
Non par croyance profonde, non par adhésion personnelle, mais par calcul de “basse politique” afin de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Si encore il s’agissait pour lui de faire prévaloir une vision, une politique… mais tel n’est pas le cas et l’on finit par se demander s’il ne s’agit pas avant tout de préserver le mur qui le protège, tant qu’il tient les rênes du pays, des multiples affaires auxquelles il est mêlé et des procédures judiciaires qu’elles induisent.
Le gouvernement israélien, en n’honorant pas son engagement et en revenant sur l’accord conclu après quatre années de négociations afin de créer un espace de prière pluraliste au mur des Lamentations, en fait non un symbole unificateur des Juifs du monde entier mais un facteur de division. Ce parjure, pour obtenir le soutien des 13 députés ultra-orthodoxes, érode la confiance que l’on peut avoir en la parole officielle : aujourd’hui il s’agit du Kotel ; demain d’un engagement international ; après-demain d’un accord avec les Palestiniens…
Au moment même où le gouvernement se reniait, il était décidé de ne reconnaître que les conversions effectuées sous l’égide du grand-rabbinat, géré par les ultra-orthodoxes. Mais l’offensive généralisée pour une régression sociétale n’en reste pas là, alors que les agressions de soldats religieux dans les quartiers orthodoxes se multiplient. Les députés des partis ultra-orthodoxes ont demandé il y a peu au ministère des Transports de révoquer les dérogations accordées à certaines villes en Israël permettant aux bus de circuler les samedis. Par ailleurs, selon Ha’Aretz, le ministre de l’Intérieur et chef du parti Shas, Aryeh Deri, a requis très récemment de la cour Suprême qu’elle réexamine les autorisations d’ouverture de certains commerces de proximité durant le Shabbat à Tel-Aviv. Et il y a peu, la ministre de la Culture, Miri Regev, déclarait : « Je ne soutiendrai pas les spectacles de nu. »
Faute de courage politique, Benyamin Nétanyahou affaiblit la relation unissant le peuple juif à un Israël en passe de devenir le bastion des ultra-orthodoxes ; il écorne l’identification d’une fraction de la jeunesse juive de diaspora à un État qui s’installerait, à défaut de s’y complaire, dans l’occupation d’un peuple privé des droits auxquels il aspire.
En entérinant “l’orthodoxisation” de la société israélienne, Nétanyahou laisse mal augurer de sa capacité — ne parlons pas de sa volonté — à parvenir à un accord avec les Palestiniens. Il creuse la fracture entre le peuple juif et Israël.
Pour les deux, cet homme est dangereux !
Photo : Hommes et femmes en prière de part et d’autre de la paroi de séparation au mur Occidental, le 14 juin 2016. (Crédit : Wajsgras / Flash90) [DR]