Yediot Aharonot, 19 août 2008
[->http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3584656,00.html]
Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
La semaine dernière marquait trois ans depuis le désengagement [de Gaza]. Pour une écrasante majorité d’Israéliens, l’attitude envers ce désengagement est ambivalente : d’un côté, il y a le sentiment que l’expérience a échoué ; de l’autre, nous sommes heureux de ne plus nous trouver à Gaza. Mais aussi, le traitement réservé aux évacués nous fait honte ; en revanche, nous sommes fiers du fait que l’Etat s’est montré capable d’exécuter quelque chose une fois la décision prise. Il existe encore d’autres opinions, selon à qui l’on parle.
Mais il y a un endroit où la controverse n’existe pas. Au pays des colons, le désengagement est toujours une blessure à vif. Il a modifié non seulement leur rapport à l’Etat d’Israël, mais aussi les rapports entre eux. La direction politique des colons s’est effondrée, et aujourd’hui, le mouvement est emmené par des groupes incontrôlés de jeunes gens qui montrent ouvertement leur dégoût d’Israël et de ses institutions.
Cette colère leur fait perdre tout contrôle. Pas un jour ne passe, ou quasiment, sans affrontement avec les forces de sécurité. Un colon vole le fusil d’un soldat. Un groupe d’enfants hurle « Nazis » en direction d’un détachement de réservistes chargés de les protéger. Des jeeps du commandement central sont bloquées. Une voiture de police a ses pneus déchirés au cutter.
Lorsqu’un colon est arrêté, ils font le siège du commissariat et tentent de faire sortir leur camarade par la force. Ils sont furieux contre l’armée, n’ont que du mépris pour la loi et refusent l’autorité de l’Etat. C’est le cas dans la colonie sauvage de Migron, avec les infiltrations quotidiennes dans la colonie évacuée de Homesh [évacuée en même temps que la bande de Gaza, ndt] et sur les lieux du Tombeau de Joseph, ainsi que dans des colonies comme Yitzhar et Tapouah’.
Et, comme toujours, ils font le travail de leurs rivaux politiques, car bien mieux encore que n’importe lequel des discours mous de Yossi Beilin, ils définissent l’endroit où ils vivent comme « pas Israël ».
Terre sans loi, sans respect, où des gens différents de nous vivent et se comportent selon des codes que nous ne comprenons pas. Terre qui a rejeté toutes les valeurs fondamentales qui nous réunissent, nous les Israéliens : le respect pour les soldats de Tsahal, le sens de la solidarité, la conscience que la police accomplit un travail épuisant dans des conditions impossibles.
Ces gens-là créent une situation où, quand le jour sera venu et les accords signés sur la pelouse de Washington, il sera bien plus facile de renoncer à cette terre, qui ne nous appartient pas. Cette terre où ce ne sont pas seulement les lois et les paysages qui sont différents. Les gens aussi.