Malgré tous les discours sur une “Jérusalem unie [et indivisible]”, les résidents de Kafr Akab et du camp de réfugiés de Shoafat sont toujours isolés par un mur.


Ha’Aretz, le 5 juin 2017

Traduction Tal Aronzon pour LPM


La tribune de Moshe Arens

La bonne nouvelle, c’est qu’après 50 années de négligence, le gouvernement alloue finalement un budget substantiel à des investissements dans les infrastructures des quartiers de Jérusalem-Est, en une tentative de rendre la vie de ceux qui y habitent vivable. La mauvaise nouvelle, c’est la rumeur selon laquelle deux de ces quartiers – Kafr Akab et le camp de réfugiés de Shoafat – ne sont pas inclus dans ce projet et sont voués à être abandonnés à leur misérable situation présente. Si cela est vrai, ce serait une faute impardonnable. Il est encore temps d’y repenser.

Kafr Akab et le camp de réfugiés de Shoafat, comme les autres quartiers de Jérusalem-Est, furent englobés dans les frontières municipales de la cité et déclarés inclus dans les frontières de l’État d’Israël par une décision gouvernementale prise en 1967. Les Palestiniens, ici, furent reconnus résidents permanents d’Israël et obtinrent la possibilité de demander la citoyenneté israélienne. Jusqu’à aujourd’hui, ils sont porteurs d’une carte d’identité israélienne, jouissent des prestations allouées aux habitants de l’État et des devoirs qui vont avec. Il n’y a aucune différence entre leur statut et celui des habitants palestiniens des autres quartiers est de Jérusalem. Pourquoi, dès lors, la décision gouvernementale ne s’appliquerait-elle pas à eux de façon égale ?

Il y a, bien sûr, une différence. Des murs ont été construits il y a quelques années, qui isolent les habitants de Kafr Akab et du camp de réfugiés de Shoafat du reste de Jérusalem. Pourquoi quelqu’un qui parlait haut et fort d’une Jérusalem “une et indivisible” a-il décidé de construire un mur à l’intérieur de la ville, causant ainsi de grosses difficultés aux habitants de ces quartiers et créant, de fait, l’impression de les abandonner ? Quoiqu’il en soit, l’injustice perpétrée dans le passé ne saurait servir de justification pour perpétuer des années de négligence dans ces zones.

J’espère que personne au gouvernement ne joue avec l’idée de résilier le statut de résidents des Palestiniens habitant Kafr Akab et le camp de réfugies de Shoafat, ou de leur retirer la faculté de demander la citoyenneté israélienne. Ce serait moralement inexcusable, et probablement illégal par ailleurs. Mieux vaudrait considérer abattre le mur qui les isole physiquement du reste de la ville dans laquelle ils vivent alors qu’on leur demande d’acquitter des taxes pour des services qu’on ne leur fournit pas.

Concernant les injustices perpétrées par le gouvernement et la municipalité à l’encontre de ces habitants de Jérusalem, le ministre de l’Intérieur pourrait réexaminer les procédures d’attribution de la citoyenneté israélienne à ceux des habitants de Jérusalem qui ont tenté d’user de cette faculté. Ils s’apercevraient que, dans la majeure partie des cas, la procédure semble ne jamais prendre fin et qu’il y a à présent une file de plusieurs milliers de personnes qui attendent depuis plus d’un an d’obtenir une réponse adéquate à leur demande.

Il semble que certains fonctionnaires du ministère de l’Intérieur font de leur mieux pour décourager les demandeurs d’entamer les démarches, ou pour leur refuser ce à quoi ils ont droit. Peut-être croient-ils ainsi contribuer à combattre le “démon démographique” dont certains, à gauche, nous rebattent les oreilles. Ils feraient mieux d’aller travailler et faire leur devoir.

Oui, il y a quelque chose que les habitants palestiniens de Jérusalem peuvent faire eux-mêmes pour avancer leur cause. Ils peuvent se présenter aux élections municipales. Ils seront étonnés de voir à quelle vitesse la mairie de Jérusalem va commencer à prêter attention à leurs plaintes. Et des ministres aussi vont se mettre à leur rendre visite.

Après tout, tout est politique, et la démocratie marche.