Engage, 12 mars 2007

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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Tony Greenstein est antisioniste. Il pense que le sionisme équivaut au nazisme, que les sionistes ont aidé les nazis à perpétrer la Shoah, et qu’Israël est par essence un Etat raciste.

Sue Blackwell est antisioniste. Elle s’est fait connaître en militant pour l’exclusion des universitaires israéliens des campus, des conférences et des revues scientifiques dans le monde. Elle pense qu’Israël est un Etat « illégitime ».

Roland Rance est antisioniste. Il milite pour « le démantèlement de la structure sioniste de l’Etat d’Israël ».

Pendant des dizaines d’années, tous les trois ont diabolisé Israël, avec passion et constance. Ils se sont battus très dur pour tous les principes antisionistes, sans répit. Israël est un Etat d’apartheid, disent-ils, les syndicats ne sont pas de vraies organisations de travailleurs, disent-ils, les universités sont des instruments d’oppression, disent-ils, ses civils ne sont pas vraiment des civils, ses antiracistes sont en réalité des racistes, déclarent-ils.

Mais aujourd’hui, la Campagne pour la Solidarité avec la Palestine (CSP) au Royaume-Uni les rejette, parce qu’ils ont osé s’élever contre l’antisémitisme ouvertement prôné au sein du mouvement.

Le week-end dernier, ils sont venus à la conférence de la CSP porteurs de deux motions qui demandaient l’exclusion de ceux qui poussent au négationnisme et prônent ouvertement l’antisémitisme. Leurs motions ont été repoussées à la quasi unanimité.

L’antisionisme britannique se bat pour un monde qui singularise et diabolise Israël, comme s’il était le seul mal du monde. Il évolue dans un monde où la plupart des antisionistes, des staliniens au jihadistes en passant par les néo-nazis et les nationalistes arabes, sont ouvertement antisémites. Il est évident qu’une telle diabolisation, constante et qui s’étend partout, a le potentiel de mener à la montée d’un antisémitisme à ciel ouvert. Et aujourd’hui, nous le voyons en train de se produire au sein du mouvement de solidarité avec la Palestine.

Greenstein et Rance ont été attaqués, et ils ont pensé réagir en mettant de leur côté la conférence antiraciste de la CSP. Ils se sont trompés. La conférence s’est prononcée contre. Sue Blackwell, semble-t-il, est aujourd’hui isolée et fait partie des rares antisionistes antiracistes qui restent à la CSP. Elle est l’une des seules à s’élever pour défendre ses camarades juifs.

Greenstein, Rance et Blackwell paraissent ne pas comprendre comment leurs obsessions anti-israéliennes ont conduit à une situation où eux-mêmes ont été marginalisés au sein de leur CSP par une bande d’antisémites. Ce week-end, ce que nous avions prévu s’est réalisé, plus tôt que nous le pensions.

Avant le vote, Roland Rance en avait appelé aux antiracistes de la CSP pour venir à la conférence et voter : un appel à quiconque est membre de la CSP, ou désireux d’en faire partie, d’être présent à la conférence. Il y avait deux motions (l’une émanant de nous et de Les Levidow, l’autre de Tony Greenstein et Sue Blackwell, qui s’opposaient à l’infiltration des antisémites et des négationnistes au sein du mouvement. Les opposants sont devenus enragés, et ont posté sur Internet des textes de plus en plus hostiles. Il était important que ces motions soient adoptées, et que la motion truquée du bureau exécutif soit repoussée, car autrement, les « ordures » qui se sont introduites chez nous et utilisent une soi-disant solidarité avec la lutte des Palestiniens à leurs propres fins, auraient gagné. Nous demandions d’avaler toutes réserves sur la tactique sur la formulation. Ce qui était en jeu, c’était le principe, et il fallait rallier le plus de partisans possible.

Mais ce sont les « ordures » qui ont gagné.

Pour lire la suite, commentaires et textes des motions (en anglais), cliquer sur le lien en haut de l’article.