Membres de JCall et de La Paix Maintenant, nous avons toujours affirmé notre solidarité totale mais critique à l’égard de l’État d’Israël, nous mobilisant chaque fois que son droit à l’existence ou sa légitimité étaient contestés. En même temps, nous avons toujours considéré qu’il est de notre responsabilité de dénoncer la violence croissante des colons dans les territoires occupés, la poursuite de la colonisation et les dangers que cette politique fait peser sur l’avenir du pays et de toutes ses populations. Nous nous sommes toujours tenus aux côtés de ceux qui, en Israël, sont engagés pour trouver une solution politique au conflit israélo-palestinien sur la base de deux États. C’est pourquoi nous dénonçons avec vigueur le rapport publié le 1er février par Amnesty International, intitulé « L’apartheid israélien envers le peuple palestinien ».
Ce rapport, à la différence de l’engagement légitime d’Amnesty International pour la défense des droits de l’homme partout dans le monde, y compris dans les territoires occupés par Israël, se présente comme une accusation politique et partisane.
En affirmant qu’Israël applique « une politique d’apartheid à l’encontre des Palestiniens vivant en Israël, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, ainsi qu’à l’encontre des réfugiés palestiniens et de leurs descendants vivant dans des pays tiers », Amnesty International génère une confusion entre l’État d’Israël et les territoires occupés. Cette confusion semble relever d’un choix politique délibéré.
Autant la poursuite par Israël de l’occupation de la Cisjordanie depuis 1967 place les Palestiniens dans des situations dont on pourrait comprendre que certains les qualifient d’apartheid, ou craignent qu’elles ne créent une logique d’apartheid, autant une telle accusation est infondée concernant les Arabes israéliens vivant à l’intérieur des frontières d’avant la guerre des Six Jours – et, s’agissant de ceux qui vivent « dans des pays tiers », elle est tout simplement absurde.
Sans ignorer les difficultés du vécu minoritaire des citoyens arabes d’Israël, il suffit d’évoquer le nombre des députés arabes siégeant à la Knesset, le nombre de juges (dont un à la Cour suprême), d’ingénieurs, d’étudiants dans les universités ou de médecins arabes dans les hôpitaux israéliens, pour réfuter cette qualification d’apartheid. Plusieurs députés arabes, tel le ministre Mansour Abbas, ont d’ailleurs clairement réfuté l’usage de ce terme de même qu’il est contesté en interne dans les rangs d’Amnesty International.
Les Israéliens qui se battent pour une solution politique au conflit israélo-palestinien insistent sur la différence de statut entre Israël et les territoires occupés, alors que la droite annexionniste s’efforce de brouiller les cartes. Ironiquement, en amalgamant les deux situations, Amnesty International semble s’aligner sur les positions de la droite israélienne.
Critiquer le rapport d’Amnesty International ne signifie pas s’aligner sur la position du gouvernement israélien actuel, qui se refuse à débattre de l’occupation et de ses dangers pour le devenir d’Israël, et qui a répondu au rapport en invoquant l’antisémitisme. Même improprement dénoncées par ce rapport, la colonisation et l’occupation n’en demeurent pas moins inacceptables et elles doivent être dénoncées.