Le président de la Histadrouth, qui a fait partie des dirigeants de Shalom Akhshav, a enfin décidé de faire desormais le lien entre économie et processus de paix.


Amir Peretz a décidé de faire ce qu’il n’avait jamais fait depuis son élection à la tête de la Histadrouth. Pendant des années, il a pris soin de ne pas faire état de ses idées sur le processus de paix, et certainement pas pendant un conflit social. Il a formé son parti, Une Nation, sans se soucier de la position de ses membres sur le problème des territoires. Peretz, qui a fait partie des dirigeants de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant), a décidé de faire désormais le lien entre l’économie et le processus de paix.

«Dans ce plan (de restrictions budgétaires, ndt), toutes les régles ont été bafouées et, par conséquent, je considère de mon devoir de dire à l’opinion israélienne qu’elle paie le prix de l’obstructionnisme de Bibi (Benyamin Nétanyahou, ministre des Finances) et de ses collègues, qui refusent d’engager le pays dans un processus de paix», dit-il. «Jusqu’à maintenant, j’ai observé une certaine réserve à propos de l’importance des processus diplomatiques et de leur influence sur l’état de la société et de l’économie, mais quand on s’attaque à la subsistance même d’une partie des citoyens israéliens au nom d’une idéologie cruelle, et qu’on tente de décrire cette crise comme un coup du destin, je me dois de dire que l’idéologie en matière économique rejoint l’idéologie qui a conduit à l’obstruction au processus de paix.»

«Ce même gouvernement qui perpétue le blocage diplomatique et ne prend aucune initiative sait très bien que ce sont les couches les plus défavorisées qui vont en payer le prix. Pour créer une atmosphère propice aux investissements, il est indispensable d’impulser un processus diplomatique, et non de retirer aux enfants et aux personnes âgées encore un milliard de dollars.»

La décision de Peretz de lier les deux sujets tient aussi au fait qu’il tente de créer un mouvement social qui comprendrait toutes les forces d’opposition, parlementaires et extra-parlementaires. La droite économique siège maintenant au gouvernement de la droite nationaliste. En plus des organisations syndicales, il tente de rallier à la Histadrouth les travaillistes, le Méretz, les partis arabes et, de facon générale, toutes les oppositions au gouvernement.

«Si le commandant en chef de l’armée de l’air dit que les pilotes devraient avoir le droit de s’organiser, c’est le signe qu’il n’est plus possible d’opprimer les syndicats en Israël», relève-t-il.

[…]

«Tous ceux qui ne s’engageront pas accepteront de fait de faire perdre aux organisations syndicales toute importance, et jusqu’à leur droit à exister», dit Peretz.

Avi Suleimani, directeur du centre communautaire de Sdéroth, dit qu’il voit
les étudiants de la ville essayer désespérement de trouver un job, sans
succès. «À la station d’essence, je vois quatre étudiants supplier le gérant
de les laisser laver les voitures, et je les vois réfléchir 10 fois avant
d’acheter un produit de base au supermarché. Je ne sais pas ce qui va
advenir de la structure chargée d’encourager les étudiants que nous
avons créée au centre communautaire. Ici, les étudiants attendent
désespérément une bourse de 1 000 shekels (environ 210 euros).»

Comme d’autres habitants de Sdéroth, qui a vu naître un grand nombre de
groupes musicaux, Avi Suleimani a lui aussi écrit une chanson, « Pain Sec »,
sur l’air des « Bonbons » de Jacques Brel :

 On vous a apporté des masques à gaz

 À la place de gâteaux

 Ça vous fera oublier vos soucis

 Et éloignera la révolution

 Alors à la place du panier de la ménagère

 On vous a apporté de gros fusils.

* Histadrouth : centrale syndicale regroupant la plupart des syndicats
israéliens