L’annonce du transfert de l’ambassade du Guatemala à Jérusalem serait-elle la preuve du bien-fondé de la décision de Trump ?
Lettre d’information de La Paix Maintenant, jeudi 28 décembre 2017
Photo : Actuel siège de l’ambassade du Guatemala en Israël, près de Tel-Aviv, le 25 décembre. Jack Guez/AFP. [DR]
Il convient tout d’abord de mettre en proportion cet “évènement”, sans aucune suffisance à l’égard du pays concerné, de sa taille, de son autonomie par rapport aux États-Unis.
Signalons tout d’abord qu’il s’agit là d’un retour à la case “départ », puisque 37 années se sont écoulées entre le transfert effectif de cette même ambassade de Jérusalem à Tel-Aviv et l‘annonce (une annonce seulement …) de son retour à Jérusalem, qui se fera le moment venu (quand ?) – probablement, même si nous n’en savons rien, à Jérusalem-Ouest. En effet, avant la résolution 478 votée en 1980, 13 pays avaient une ambassade à Jérusalem : la Bolivie, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, la République dominicaine, l’Équateur, le Salvador, le Guatemala, Haïti, les Pays-Bas, le Panama, l’Uruguay, le Vénézuela. Suite à cette résolution, ces 13 ambassades ont été déplacées à Tel-Aviv. Celles du Costa Rica et du Salvador ont de nouveau été installées à Jérusalem en 1984, ces deux États décidant ensuite en 2006 de transférer une nouvelle fois leurs ambassades à Tel-Aviv.
Il ne fait aucun doute, pour nous en tous cas, que Jérusalem-Ouest est la capitale d’Israël. Mais fallait-il se réjouir d’une annonce qui ne différencie pas l’Ouest de l’Est de la ville et donne l’impression de justifier une annexion pour, au final et au mieux, revenir une quarantaine d’années en arrière ? Ces transferts potentiels de la part de pays dont l’influence et le rôle international sont pour le moins limités (États-Unis mis à part) contrebalancent-ils des retombées négatives et immédiates ? Ne parlons pas des victimes, ne parlons pas de l’isolement d’Israël, ne parlons pas de la fragilisation de la Jordanie ni de celle de l’Autorité palestinienne, constatons seulement comme le fait Ran Halévi, directeur de recherche au CNRS, que cette déclaration « ne fait pas progresser d’un pouce le processus de paix et ne procure aucun bienfait proprement politique … il s’agit au mieux d’un coup pour rien, au pire d’un début d’incendie dont aucun des protagonistes ne sortira indemne, excepté peut-être M,Trump » (Le Figaro, 13/12 2017).
Nous pensons avoir eu raison de souligner ces risques et insuffisances tout en prenant garde de ne remettre nullement en cause Jérusalem, dans sa configuration d’avant 1967, en tant que capitale légitime d’Israël – sans exclure des modifications de tracé, non pas de manière unilatérale mais dans un cadre négocié.
Telle a été la position du camp de la Paix israélien qui, plus que jamais, a besoin de votre soutien.
Amos Oz a récemment fait remarquer : « Au cours de ma vie j’ai vu venir et partir de nombreux dirigeants. J’ai connu des moments de grande espérance et de profonde tristesse. Je me suis rendu compte que s’inquiéter ne sert pas à grand-chose. Et se désespérer certainement moins encore. Ce qui aide, c’est de lutter pour ce en quoi vous croyez. Quand l’horloge de l’histoire va dans le mauvais sens, c’est à nous qu’il incombe de travailler pour l’en faire changer. »
C’est bien ce à quoi le camp de la Paix s’efforce sans relâche. La solution à deux États est la seule solution pragmatique et concrète susceptible de mettre un terme au conflit israélo-palestinien, qui a déjà fait couler tant de sang et provoqué tant de désespoir.
Aidez-nous à aider le Camp de la Paix en Israël– À quelques jours seulement de la fin de l’année, pour recevoir un Cerfa en temps voulu, adressez-nous votre don :
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L’Auteur
Sociologue et membre fondateur des Amis de Shalom Akhshav, devenus La Paix Maintenant.
Ilan Rozenkier a été élu président de l’association en 2014.