Alon Ben Meir, (Professor and Senior Fellow at New York University’s Center for Global Affairs and Senior Fellow at the World Policy Institute)
Extraits choisis et traduits par Blandine Le Roy pour LPM.
Pour l’article en anglais dans son intégralité:
Après avoir retracé les actions unilatérales de Trump s’agissant du conflit israélo-palestinien
ainsi que son projet d’« accord du siècle », A. Ben Meir se penche sur le problème des
réfugiés et sur la coupe financière américaine de l’aide attribuée à l’UNRWA.
A. Ben Meir : « Couper l’aide financière de l’UNRWA a été encore une occasion manquée pour résoudre le problème des réfugiés palestiniens. Il est vrai que le mandat de l’UNRWA aurait dû prendre fin il y a plusieurs décennies car il a directement et indirectement perpétué le problème des réfugiés. Tout le monde sait que les réfugiés palestiniens ne pourront jamais exercer « le droit au retour » et tous ceux qui ont enquêté sur le problème attestaient que la grande majorité des réfugies eux-mêmes n’attendent pas ou ne veulent pas rentrer, même s’ils en ont le choix. Cela dit, pour qu’il y ait une solution au conflit, les réfugiés ont des droits qui doivent êtres pris en compte. Ainsi au lieu de refuser l’aide future à l’UNRWA, Trump aurait dû affirmer qu’une solution au problème des réfugiés reposait entièrement sur la réinstallation et sur l’indemnisation. A cette fin, Trump aurait pu dire que les fonctions de l’UNRWA devraient prendre fin dans un délai de deux ans et que dans l’intervalle, les États-Unis, l’UE, les États arabes riches en pétrole récolteraient un montant initial de 10 milliards de dollars exclusivement pour la réinstallation ou l’indemnisation des réfugiés. »
A. Ben Meir ajoute que les Palestiniens accrochés au « droit au retour » pourraient, dans ce contexte, surtout ceux qui sont déplacés dans leur propre pays, en Cisjordanie et à Gaza, accepter cette solution.
Pour A. Ben Meir, la deuxième grande erreur de Trump est d’avoir mis fin à l’aide financière à l’Autorité Palestinienne (AP) (sauf pour les questions sécuritaires), ce qui a pour conséquence de renforcer la détermination de l’AP de ne pas revenir à la table des négociations.
A. Ben Meir : « Au contraire, Trump aurait pu améliorer les chances de paix, s’il avait augmenté l’aide financière et encouragé l’AP à se concentrer sur la construction et les infrastructures de l’État. Cela, combiné à d’autres mesures, aurait pu persuader les Palestiniens que Trump était sérieux, ce qui aurait sans doute rendu l’AP beaucoup plus réceptive à sa proposition de plan de paix.
Couper les fonds pour les hôpitaux est une grande erreur et un acte inhumain qui ne font qu’aggraver les relations. Tout comme la fermeture de la mission palestinienne à Washington qui est « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », et qui est un signe de rupture alors qu’elle permettait la poursuite d’un dialogue entre l’AP et les États-Unis.
A. Ben Meir : « La chose étrange à propos de tout cela est que Netanyahu a encouragé Trump comme si toutes ces mesures punitives étaient bonnes pour Israël. Tant que les Palestiniens souffrent et continueront à souffrir pendant de nombreuses années et plus le conflit perdurera, plus les dommages subis par Israël seront importants. »
« Trump, plus que n’importe lequel de ses prédécesseurs, a permis à Israël, en particulier sous la direction de Netanyahu, de s’implanter en Cisjordanie, de dénier aux Palestiniens leurs droits humains, d’adopter des lois racistes discriminatoires envers les Palestiniens et de démolir méthodiquement ce qui reste de la solution à deux États. »
A. Ben Meir de conclure : « Nous attendons toujours le dévoilement du plan de paix grandiose de Trump, qui de l’avis général est adapté à la vision de Netanyahu et qui exclut un État palestinien. En tant que tel, le « deal du siècle » de Trump sera appelé la débâcle du siècle, condamnant les conflits israélo-palestiniens à des décennies de plus grande défiance, d’intensification de la haine et d’effusion de sang. »