Le conflit israelo-arabe est a la croisee des chemins, et exige du Parti
Travailliste qu’il quitte le gouvernement, et prenne la tete du camp de la
paix israelien, celui qui prefere la paix aux territoires. Des
considerations de securite avaient fourni aux travaillistes certaines
justifications pour rester au gouvernement, et a soutenir l’operation « Mur
Protecteur », percu comme une necessite, surtout apres l’attentat de Netanya
le soir de Pessah’. Les temps ont change, et le Parti Travailliste doit
prendre son courage a deux mains, et s’adapter a la situation.

L’operation militaire atteint son point d’epuisement, et ses resultats
paraissent d’ores et deja evidents : elle a reussi a assener des coups tres
durs a l’infrastructure terroriste palestinienne, mais elle n’est pas
capable d’eradiquer la terreur, ni d’eliminer le terreau sur lequel elle
croit. Au contraire, plus elle durera, plus elle sera profonde, et plus ses
contradictions internes apparaitront. La destruction des centres de pouvoir
de l’Autorite Palestinienne, et des forces de securite impliquees dans les
attentats en Israel, frappe egalement les elements du cote palestinien dont
Israel exigera de controler ses habitants une fois l’operation terminee.

Sur le plan international, il y a eu d’importants developpements concernant
le conflit. Un sommet de dirigeants arabes a approuve une decision exprimant
un accord pour mettre fin au conflit, et pour trouver des solutions aux
problemes encore non resolus. Meme si la declaration de Beyrouth se demarque
de la formulation d’origine de l’initiative saoudienne, elle constitue un
changement positif par rapport a la position traditionnelle de rejet par le
monde arabe, exprimee par exemple lors de la conference de Khartoum (en
1967, ndt). La declaration du President Bush, insistant sur le droit des
Palestiniens a vivre dans leur propre Etat, est un autre exemple de
developpement important.

Sur le plan de la politique interieure, un changement extremement important
est en train de se dessiner concernant la composition du gouvernement, qui
aura un impact sur la politique du gouvernement et sur sa sensibilite. Les
ministres du Parti National Religieux, emmenes par Effi Eitam et ses
dangereuses positions, vont se joindre au cabinet de securite et influencer
les decisions du gouvernement. Israel Beitenou, parti de droite dure, et
Gesher sont eux aussi en train de negocier leur ralliement.

Vus ensemble, tous ces developpements exigent du Parti Travailliste de
reconsiderer sa position : jusqu’ici, il a pretendu que sa participation au
gouvernement Sharon decoulait de son desir de moderer les decisions du
gouvernement, et d’eviter la guerre. Il a echoue dans cette mission.
Maintenant, il va etre partie prenante d’un conflit avec les Etats-Unis.
Apres l’arrivee de l’extreme-droite dans la coalition, le poids du Parti
Travailliste dans le gouvernement sera considerablement reduit, sinon
totalement annihile, chaque fois qu’un vote aura lieu.

La conclusion qui s’impose est claire : durant une annee entiere, Sharon a
eu l’occasion de presenter un plan politique credible, en meme temps que
l’utilisation de la force militaire, et il a echoue. Le Parti Travailliste
doit prendre la tete du camp qui prefere la paix aux territoires : voila la
veritable ligne qui separe le camp de la paix de la droite.

Le Parti Travailliste doit offrir une alternative claire a la politique de
Sharon, qui cherche a conserver les territoires, et doit contester cette
politique a la Knesset et sur toutes les tribunes publiques. Cette
alternative doit offrir la vision d’un pays qui desire vivre en securite
dans ses frontieres de 1967, et conserver ses caracteres juif et
democratique.