La Paix Maintenant n°4 (édition papier)
Novembre 2004 – Éditorial
Depuis plus de 25 ans que nous existons, nous n’avons toujours pas renoncé à garder le qualificatif « Maintenant ». Certains peuvent penser qu’il perd de sa pertinence et de sa vigueur au fur et à mesure que les années passent et que les objectifs de Paix que nous nous sommes fixés ne sont toujours pas atteints.
Garder ce « Maintenant » nous permet pourtant d’exprimer encore avec force nos espoirs, ainsi que le sentiment d’urgence qui nous anime.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Le vote de la Knesseth en faveur du plan d’évacuation de Gaza et de quelques implantations de Cisjordanie était une étape nécessaire. Il lève un tabou et crée un précédent. Face à l’opposition virulente des colons les plus extrémistes, et de forces nationalistes et religieuses rétrogrades, l’appui responsable du Camp de la Paix et des partisans d’un vrai compromis territorial satisfaisant pour les deux peuples a été décisif.
Malgré tout, la confusion est grande et les incertitudes demeurent.
Le combat idéologique et politique contre toutes les forces extrémistes qui revendiquent la terre d’Israël et de Palestine pour un seul des deux peuples, en ignorant l’existence de l’autre, est loin d’être gagné. Ces forces des deux côtés sont actives et ne désarment pas.
Ces forces se mobilisent car elles ont intérêt à fermer la porte entrouverte à l’espoir. Le temps et la perpétuation du conflit jouent en leur faveur et elles le savent.
Les obstacles réels qui restent à surmonter pour que ce plan d’évacuation soit effectivement mis en place risquent de servir de justification à un maintien du statut quo, sinon à une accélération de la colonisation du reste des territoires occupés depuis 1967.
Les puissances internationales sont, soit impuissantes, soit découragées d’intervenir. Pouvons-nous nous permettre d’attendre une catastrophe majeure pour les voir entrer en scène et obliger les adversaires à s’entendre ?
L’Autorité Palestinienne a commis de multiples erreurs stratégiques qui ont largement contribué à l’impasse et au chaos actuels. Elle est maintenant face à de nouveaux enjeux liés à la nécessité de renouveler son leadership. Allons-nous encore assister à un rendez-vous manqué où chacune des parties essaiera de faire porter à l’autre la responsabilité d’un échec ? Ou bien un processus de dialogue va-t-il s’amorcer, avec de nouveaux partenaires sincèrement désireux de mettre en place les solutions que chacun des peuples connaît et reconnaît comme étant les seules possibles ?
Cette région du monde nous a trop souvent habitués à des avancées porteuses d’espérance, suivies par des régressions tragiques.
Les secteurs représentatifs des sociétés israéliennes et palestiniennes qui aspirent à la construction d’un avenir pour les deux peuples, sur la base de compromis nécessaires et réalistes, n’ont toujours pas réussi à créer, ensemble ou séparément, une majorité politique solide et claire pour une vraie alternative à l’incertitude actuelle.
C’est pourquoi nous n’avons qu’une chose à faire : continuer à les aider, pour créer les conditions d’une dynamique de dialogue et d’espérance.
Le soutien que nous pouvons leur apporter n’est pas que moral, il est aussi et avant tout politique.
Il s’agit de leur assurer en Europe un appui des secteurs les plus larges de nos sociétés.
Il s’agit de combattre les menées des va-t-en guerre, et des donneurs de leçons à distance.
Nous pouvons également empêcher que ce conflit soit importé dans la société où nous vivons, et contribuer ainsi à construire ici un modèle de coexistence qui montre une autre voie que celle de l’aveuglement et de l’intolérance.
Il faudra aussi, de plus en plus, mobiliser les soutiens matériels nécessaires aux combats des partisans de la Paix sur le terrain.
Il ne s’agit pas ici d’être plutôt optimiste ou pessimiste. D’où nous sommes, nous devons simplement rester lucides, vigilants et actifs.
Le « Maintenant » que nous appelons de nos vœux dépend aussi de nous et de notre capacité à rester mobilisés.