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Ha’aretz, vendredi 19 novembre 2004


Des deux côtés de la barrière israélo-palestinienne, on a pu entendre des déclarations positives. Mardi, le président de l’Autorité palestinienne Mah’moud Abbas (Abu Mazen) et le Premier ministre Ah’med Qureïa (Abu Alaa) se sont dits décidés à mettre un terme au « chaos armé » au sein de l’Autorité. Autrement dit, ils cherchent à nettoyer l’Autorité des armes illégalement détenues par ses membres, qu’il s’agisse de groupes ou d’individus.

Le Premier ministre Ariel Sharon, pour sa part, est prêt coopérer en matière de sécurité avec l’Autorité palestinienne dans le cadre du désengagement si la direction palestinienne fait cesser les actes de violence contre Israël. Sharon a par ailleurs déclaré qu’il acceptait que les Palestiniens de Jérusalem Est participent aux prochaines élections, comme cela avait été le cas en 1976.

Ces déclarations sont encourageantes. Elles montrent qu’en dépit de la vive colère dans les deux camps, une lueur de compréhension et une certaine ouverture à l’avenir se font jour parmi les dirigeants.

De la déclaration à la mise en œuvre, cependant, le fossé est large. Et la charge du test décisif pèse sur les Palestiniens. Au moment où, avec une netteté croissante, Sharon se montre prêt à renoncer à son concept de retrait tout unilatéral, une lourde tâche les attend sur le terrain.

Abu Mazen a pu apprécier de première main le côté volatile de la situation quand des hommes armés ont ouvert le feu lors de sa venue dans la tente de deuil de Yasser Arafat à Gaza, tuant deux de ses gardes du corps. Ce ne sont pas seulement les élections de l’Autorité palestinienne, mais la société palestinienne tout entière qui est en danger sous la menace des gangs et de la vague montante du crime.

Pour sa part, Israël doit faire son possible pour aider au calme et renouer le dialogue avec la nouvelle direction palestinienne. Chacune des parties au conflit doit faire d’elle-même un certain nombre de pas, sans les conditionner à une contrepartie symétrique.

L’expérience nous montre que lorsque de nouvelles chances de dialogue se présentent, le temps peut être compté. Les délais superflus permettent aux opposants, de chaque côté, d’intensifier leurs tentatives d’obstruction à tout accord.

En Israël, par exemple, on s’attend à une opposition à l’engagement pris par le président Bush de démanteler les implantations illégales. De l’autre côté, les opposants sont nombreux – au sein de l’Autorité palestinienne, comme le H’amas et le Djihad islamisque, et en dehors, comme le H’ezbollah et l’Iran – à vouloir enrayer le processus.

Tout report inutile offre un terreau propice aux incidents et aux erreurs, des deux côtés involontaires, telle la mort des trois soldats égyptiens accidentellement tués par un tank israélien hier sur la route « Philadelphie » .