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Ha’aretz, vendredi 5 novembre 2004

Trad : Tal Aronzon pour La Paix Maintenant


Selon moi, nous avons connu quatre occasions majeures, au cours des ans, d’opérer un changement de cap significatif dans le conflit israélo-palestinien.

La première suivit la victoire décisive de la guerre des Six Jours, en 1967, qui vit la bande de Gaza et la Cisjordanie passer aux mains d’Israël. S’il est vrai que les pays arabes, sous la conduite de Gamal Abdel Nasser, adoptèrent le « non à la paix, non à la reconnaissance et non à la négociation », Israël pouvait prendre de son propre chef une initiative envers les Palestiniens et ne l’a pas fait.

Une seconde occasion surgit dans la foulée des accords avec l’Égypte et des négociations engagées avec Le Caire sur l’autonomie palestinienne. Israël se replia sur soi, au lieu de lancer en direction des Palestiniens une initiative susceptible de bénéficier du soutien égyptien.

Puis survint la troisième, avec la Conférence de Madrid, en 1991, et les accords d’Oslo, en 1993, entre Israël et les Palestiniens. Israël fit un pas en avant, mais l’accord se réduisit à néant – et les Palestiniens ne sont pas là seuls à blâmer.

La quatrième occasion fut le sommet de Camp David (auquel le Premier ministre de l’époque, Ehud Barak, participa aux côtés du président de l’Autorité Palestinienne, Yasser Arafat) et la publication par le président Bill Clinton, en décembre 2000, de principes généraux pour la résolution du conflit.

Le reste – avec ses milliers de morts de part et d’autre – appartient à l’Histoire. Et cette histoire n’est pas close. […]

Il y eût aussi des circonstances favorables, comme le moment où Mahmoud Abbas (Abu Mazen) fut nommé Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Si Israël lui avait accordé, sur la question des prisonniers, ce qu’il donna à son ennemi juré, le Hezbollah, beaucoup de choses auraient pu être différentes ; le Premier ministre Ariel Sharon eût-il alors fait un geste et accordé ce qu’il est prêt à céder, peut-être sans contrepartie, au Hamas dans le cadre du plan de désengagement, qu’Abu Mazen y aurait puisé un peu d’oxygène.

Le passé montre que sitôt parue une chance de changement déterminant, elle fait lever crainte et tremblements [[« h’arad ve-pah’ad », celui dont le cœur frémit et craint, l’expression est reprise de la Bible (voir par exemple Juges 7,3

 ou Isaïe 19,16, dont le contexte est le plus proche).]] dans le cœur des politiciens. Au lieu de démonstrations de courage, la tendance est au gel, en attendant pour sauter le pas une éventuelle confirmation des cieux. Entretemps, la fenêtre d’opportunité se clôt.

Autre leçon de l’expérience, nous pouvons aussi faire naître l’occasion à la croisée des chemins, comme aujourd’hui, alors que l’autorité d’Arafat et la domination qu’il exerçait sur les Palestiniens s’estompent. Pour l’instant, il nous faut attendre en nous gardant d’intervenir dans le couronnement des prétendants – comme nous l’avions fait, en 1982, pendant la guerre du Liban. Il nous revient cependant de préparer une initiative israélienne. Tout comme Sharon a lancé un plan de désengagement unilatéral, il faut structurer une initiative israélienne en rapport avec les changements à venir au sein de la direction palestinienne.

[…]

Deux principes devraient présider à l’initiative israélienne, avant même toute négociation : le premier est l’acceptation des grandes lignes de la proposition de règlement global du président Clinton de décembre 1982 ; celles-ci concernent la division du territoire, la partition de Jérusalem, des échanges de territoires et le problème des réfugiés palestiniens.

Le second, par lequel il nous faut commencer, est une déclaration d’intention israélienne de se retirer, en Cisjordanie, sur les lignes du 28 septembre 2000, veille du conflit actuel. C’est là une initiative positive, dans l’attente d’une reprise des négociations avec la nouvelle direction palestinienne.