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Haaretz, 23 avril 2004

(Trad : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant)


Depuis que le plan de de désengagement d’Ariel Sharon fait les gros titres, les
dirigeants de la Banque Mondiale a Washington decouvrent qu’avant même que la première famille de Goush Katif ait appelé une société de déménagement, les porte-parole israéliens commencent à plonger leurs mains dans les caisses de l’institution. D’après une information, la Banque Mondiale aurait déjà donné son accord
pour acheter les colonies pour les revendre aux Palestiniens. Une autre information dit que la Banque n’aurait pas attendu le résultat du référendum au Likoud et fait déjà estimer les biens.

Ces informations ont convaincu Nigel Roberts, le directeur du bureau de la Banque Mondiale en Cisjordanie et à Gaza de rompre la tradition de silence qu’observent en général les fonctionnaires de cette vénérable institution. Les fuites à la presse, dit Roberts avec diplomatie, sont une forme bien connue de négociation, mais si un rôle vous est attribué sans votre accord, il est probable que ledit rôle sera limité.

« Nous sommes prêts à jouer un rôle constructif dans les processus de désengagement si les acteurs clés nous le demandent : Israël, l’Autorité palestinienne et la communauté internationale », declare Nigel Roberts.

En d’autres termes, l’aide financière de la Banque Mondiale, dans le cadre du plan de désengagement, dépend, entre autres choses, de l’accord de l’Autorité palestinienne. On peut en conclure que si le Premier ministre Ariel Sharon persiste dans son refus de coordonner le transfert des biens avec Yasser Arafat, Israël devra renoncer aux importants services de la Banque Mondiale.

Roberts parle aussi de la clause 7 du plan de désengagement, qui stipule qu’Israël propose la création d’une institution internationale dont la vocation est de prendre possession des colonies et de procéder à leur estimation. « Il y a certaines choses que nous sommes incapables de faire en tant qu’institution qui s’occupe de développement économique, par exemple, estimer les biens des colonies à fins de compensation. Les questions de compensation, dans ce contexte, sont intrinsèquement politiques, par
nature ».

Roberts ajoute que la Banque Mondiale ne pourra pas « prêter (de l’argent) à Israël pour le développement du Neguev, Israël n’empruntant plus à la Banque Mondiale vu le niveau de son produit national brut. Sur la question de la conservation et de la propriété des biens des colonies, tout rôle que nous jouerons doit avoir les faveurs de l’Autorité palestinienne et de la communauté internationale »;

Concernant « la reconsturction et le développement » de la Cisjordanie et de Gaza, Roberts dit que « certains conditions préalables doivent être mises en place pour pouvoir parler du genre de réponses de la part de bailleurs de fonds, réponses qui sont extrêmement nécessaires ». Pour que cela arrive, dit-il, il devra y avoir un « meilleur accès » aux territoires.

D’après des chiffres de la Banque Mondiale, l’investissement privé dans les territoires est tombé de 1,25 milliard de $ en 1999 à 50 millions de $ en 2002. « La principale raison de cette chute », dit-il, « est le régime de sécurité et de bouclage qui y a cours ».

Concernant l’impact du plan de désengagement, Roberts cite un article de Sever Plotzker dans Yediot Aharonot : « Gaza après le désengagement pourrait devenir un ghetto palestinien géant, ou s’entasseront 1,5 million de gens sans réelle souveraineté, au chômage, abattus et indigents ».

Roberts remarque que le plan ne prévoit ni port ni aéroport. « Je me rends bien compte qu’il y a un problème de sécurité, et nous ne prétendons pas avoir les réponses, mais le problème de l’accès doit etre traité de front si nous désirons recueillir une réponse sérieuse de bailleurs de fonds à l’initiative actuelle ».

Enfin, Roberts prévient que les sommes importantes que les pays bailleurs de fonds ont investies dans les territoires ne présument de rien, et que certains d’entre eux commencent à montrer des signes d’usure.