« Pour échapper au piège dans lequel les Israéliens sont pris comme les Palestiniens, tant la droite que la gauche doivent oublier leurs rêves », écrit ici l’auteur de Catch 67, Micah Goodman.
Traduction, Chapô & Notes, Tal Aronzon pour LPM
Photo : Un arc-en-ciel sur le camp de réfugiés palestiniens de Shouafat à Jérusalem, le 11 novembre 2012 ©Ahmad Gharabli/AFP [DR]
Ha’Aretz, le 18 février 2018
La Tribune de Micah Goodman
Après la guerre des Six Jours, beaucoup crurent que le cours de l’histoire juive était sur le point de changer. Tout à coup, Israël tenait les monts du Golan ; la Judée et la Samarie ; la péninsule du Sinaï. Et la Syrie, la Jordanie et l’Égypte – qui avaient respectivement eu ces territoires en main — voulaient maintenant les récupérer. Nombreux étaient ceux qui pensaient que ce désir des Arabes représentait pour les Israéliens une opportunité. Pour la première fois entre toutes nous disposions d’une monnaie d’échange authentique et solide — laquelle, pour peu que nous manœuvrions intelligemment, pourrait servir de contrepartie dans le cadre d’un accord de paix. Le rêve était que la victoire d’Israël par la guerre offrirait aussi une victoire contre la guerre elle-même.
La paix, croyait-on, transformerait non seulement le destin d’Israël, mais aussi celui des Juifs en général. Israël cesserait d’être un État-forteresse isolé et deviendrait une part intrinsèque du Moyen-Orient. Quand nous serions pleinement intégrés en son sein, pensait-on, nous serions aussi pleinement acceptés par l’Europe et l’Occident entier. Deux millénaires d’exil des Juifs hors de l’humanité connaîtraient leur fin et ceux-ci seraient enfin accueillis dans la famille des nations.
Mais il semble y avoir un autre moyen de récolter les fruits de la victoire. Au lieu de renoncer à des territoires, Israël pourrait les coloniser. Cela, beaucoup le croient, serait l’acte qui propulserait l’histoire juive des tréfonds au sommet. Selon cette théorie, les Juifs de diaspora, vivant en-dehors de leur propre terre, ressentent un profond sentiment d’aliénation — non pas vis-à-vis du monde extérieur mais par rapport à eux-mêmes. Quand une nation vit en dehors de sa propre terre, elle est déconnectée d’elle-même. Quand le présent de la nation ne se déroule pas au même endroit que son passé, cela lézarde l’âme même de la nation.
Les souvenirs essentiels du peuple juif se sont forgés à Naplouse, Hébron, Jérusalem et Bethléem, et la victoire d’Israël dans la guerre de 1967 rendit possible le retour des Juifs dans la patrie biblique. Cela créa un lien entre le passé et le présent, permettant à cette psyché blessée et torturée de guérir. Il ne s’agissait pas de simples retrouvailles avec l’histoire. Soigner la nation, pensait-on, soignerait aussi l’avenir. D’après cette conception, l’implantation sur la terre antique entraînerait l’histoire vers la rédemption future.
Le conflit entre ces deux rêves était aigu, mais il y avait entre eux un consensus fondamental. Les deux camps d’utopistes étaient persuadés que s’ils faisaient bon usage des trophées de la guerre ils parviendraient à changer le cours de l’histoire juive. Ils avaient quelque chose de plus en commun : tous deux avaient tort. Chacun imaginait que l’histoire se dirigeait inexorablement vers la réalisation de sa vision respective, mais au fur et à mesure que les années passaient, de fait ces rêves s’estompaient. Avec le temps, de plus en plus d’Israéliens se libérèrent de ces deux idéologies et ouvrirent les yeux, s’éveillant de ces deux rêves.
Comment ceci est-il arrivé ? Pour commencer, la gauche israélienne a changé. En majorité, elle a cessé de parler de paix, et de croire qu’un accord diplomatique afin de stabiliser le Moyen-Orient était à portée de main. La droite aussi a changé. En majorité, elle ne croit plus que la colonisation, quand bien même elle accomplirait les prophéties d’hier, précipiterait aussi la rédemption de demain.
Depuis la deuxième intifada, la gauche parle moins de paix et plus des dommages causés par l’occupation ; et depuis le désengagement de Gaza, en 2005, la droite parle moins de rédemption et plus de sécurité.
Plus précisément, la conception dominante de la gauche, aujourd’hui, est que si Israël reste dans les Territoires et continue d’appliquer des règles militaires à une population palestinienne civile, le pays en subira trois conséquences : dégradation morale ; isolement diplomatique ; défaite démographique.
La plupart des démographes, eux aussi, pensent que le jour vient rapidement où les Juifs ne formeront plus une majorité dans le territoire contrôlé par Israël. Une fois que les Juifs deviendront une minorité dans leur propre pays, cela cessera d’être leur pays.
La droite combat généralement l’argument démographique par le déni. Elle cite des démographes de substitution qui escomptent que la majorité juive ne sera pas en danger. Mais même s’ils ont raison, et que les Palestiniens finissent par constituer 40% “seulement” de la population du pays, il deviendrait difficile de définir ce pays comme l’État-nation du peuple juif. En d’autres termes, le désir de s’accrocher à la terre [antique] d’Israël met en péril l’auto-détermination de l’État d’Israël. Paradoxalement, l’aspiration à contrôler la terre de la Bible ne renforcera pas le caractère juif de l’État — elle le détruira. On est obligé d’admettre que cette thèse pèse terriblement lourd.
De surcroît, de l’autre côté de l’échiquier, l’argument de la droite concernant la sécurité a connu une mise à jour et une actualisation ces dernières années. Par le passé, on soutenait communément qu’un État palestinien en Judée et Samarie menacerait la sécurité d’Israël. Les gens disaient qu’un État palestinien conclurait des alliances militaires, se forgerait un arsenal, puis lancerait une offensive-surprise contre Israël dans ses nouvelles frontières rétrécies, indéfendables, et le vaincrait. Réquisitoire obsolète fondé sur un scénario cauchemardesque dont beaucoup s’accordent à dire qu’il n’est plus guère pertinent. De nos jours, cependant, la droite tient un argumentaire bien plus adéquat.
Depuis que le printemps arabe a éclaté, en 2011, le Moyen-Orient dans son ensemble a traversé un bouleversement majeur. Cet ébranlement est comparable à un puissant tremblement de terre jetant à bas toute construction fragile voire chancelante. Quand la terre tremble dans la région, les États faibles s’effondrent en quelques instants. Compte-tenu [de cette situation], Henry Kissinger a récemment posé une question qui méritait d’être soulevée : si des États aux traditions politiques établies — comme la Syrie, la Libye et l’Iraq — sont tombés, est-ce qu’une Palestine faible et nouvellement indépendante survivrait ? Et qu’adviendrait-il si tel n’était pas le cas ?
Voilà le scénario vraiment alarmant : Des forces extrémistes des quatre coins du Moyen-Orient combleraient la dépression créée par la précarité de l’État palestinien, contraignant Israël à affronter ce chaos régional aux portes de Tel-Aviv. Autrement dit, si la droite arguait autrefois qu’un État palestinien serait une menace de par sa force, elle s’élève maintenant à son encontre à cause de sa faiblesse. On est obligé d’admettre que cette thèse pèse terriblement lourd.
Il est fascinant d’observer comment la droite et la gauche sont devenues des images en miroir l’une de l’autre. La droite ne croit plus qu’occuper les Territoires amènera la Rédemption, mais dit que s’en retirer conduira au désastre ; la gauche ne croit plus que se retirer des Territoires amènera la Rédemption, mais dit qu’y rester conduira au désastre. La gauche et la droite ont traversé des processus similaires : Toutes deux sont passées de l’espoir à la peur.
La bonne nouvelle
C’est une bonne nouvelle. Cette transition de l’espoir à la peur devrait en soi allumer une étincelle d’espoir pour le débat politique en Israël. Entre rêves politiques rivaux, on arrive nécessairement à un score nul. Il n’y a ni voie médiane, ni place au compromis entre le rêve de paix et celui du Grand Israël. Des années durant, chaque camp a pris possession d’un seul rêve qui niait totalement celui de son rival. Semblable dynamique n’existe pas entre les peurs. Qui a personnellement l’expérience des phobies sait que les peurs peuvent aisément se cumuler. Qui souffre de vertige peut aussi craindre les araignées et les espaces clos. C’est exactement ce qui s’est passé dans les discussions publiques en Israël.
De nombreux Israéliens ont simultanément assimilé les peurs de la gauche comme de la droite. En réalité, la plupart des Israéliens ont été convaincus, à un degré plus ou moins grand, tant par l’argument existentiel de la droite (qu’un retrait territorial constituerait un danger géographique) que par celui de la gauche (que rester dans les Territoires serait un danger démographique). Pour la toute première fois, Israël dispose d’un nouvel espace politique entre la gauche et la droite, sans existence concrète certes, mais qui les inclut l’une et l’autre.
C’est un changement spectaculaire quoique très peu remarqué : le centre de la société israélienne a perdu ses certitudes. Les Juifs israéliens — qui craignent [à la fois] que rester dans les Territoires mette en péril [la permanence d’une] majorité nationale juive et que les quitter mette en péril la sécurité nationale – sont dans une très grande confusion.
Tel est le paradoxe que j’ai voulu mettre en lumière dans mon livre Catch 67. Quelques-unes des réactions exprimèrent de la fureur. « Comment osez-vous prétendre que l’argument démographique soit sérieux ? » hurla la droite. « Vous n’êtes pas expert en sécurité — qui vous a donné autorité pour accorder du poids aux arguments sécuritaires de la droite ? » accusa l’ancien Premier ministre Ehoud Barak. La confusion que j’ai soulignée a plongé dans la perplexité de nombreux lecteurs, de la gauche à la droite. Ils étaient sidérés par ma propension à établir une symétrie entre les arguments des diverses parties au débat.
Aujourd’hui, un an après la publication de Catch 67, il me faut admettre qu’il y a quelque validité à cette objection : nul besoin de parler de “symétrie” pour attirer l’attention sur l’existence d’un paradoxe. Donc voici une formulation plus fine : L’argument selon lequel en restant dans les Territoires nous mettrons en péril notre faculté d’auto-détermination pèse très lourd ; l’argument selon lequel en quittant les Territoires nous mettons en péril notre faculté à nous défendre pèse très lourd. Le paradoxe engendré par le fait de prendre ces deux arguments au sérieux ne nous contraint pas à admettre une symétrie ; d’aucuns accordent un plus grand poids à l’argument sécuritaire, et d’aucuns à l’argument démographique. Mais quiconque ne nie ni l’un ni l’autre de ces arguments, leur donnant à chacun ne fût-ce qu’un peu de crédit, est pris au piège d’une profonde confusion politique.
En écrivant ce livre, je pensais examiner la philosophie [à l’œuvre] derrière la politique ; croquer une brève histoire de la pensée politique en Israël ; exprimer les rêves puissants de la gauche et la droite comme l’effondrement de ces rêves et la naissance de cette nouvelle confusion politique. Je m’aventurai à écrire une analyse, non du conflit mais des conversations israéliennes à propos du conflit.
Lors de sa publication, cependant, j’éprouvai de la surprise. En contrepoint des réactions scandalisées de lecteurs rejetant l’existence de ce paradoxe, ceux qui l’admettaient me confrontaient à une question profonde. Ils s’intéressaient moins au débat entre Israéliens qu’au moyen de sortir du piège où ils sont enfermés avec les Palestiniens.
En quête d’une issue
Cette confusion nous offre une relative opportunité dans la mesure où nous changeons significativement de façon de penser. Voici trois leviers intellectuels qui pourraient nous aider à trouver une voie pour sortir du piège.
Se libérer d’une fausse dichotomie
Notre discussion est prise dans la dichotomie suivante : Il y a ceux qui appellent à en finir avec le conflit, et ceux qui appellent à gérer le conflit — et il apparaît que ce sont les deux seules options. La gauche dit que le statu quo ne peut se perpétuer, qu’il va probablement s’effriter et nous mener au désastre ; la droite, au contraire, dit que le conflit ne peut finir : nous n’avons pas de “partenaire” [avec lequel négocier] et il ne saurait y avoir d’accord permanent dans un Moyen-Orient où rien n’est plus permanent.
Les deux côtés ont raison : on ne peut pas en finir avec le conflit ; mais on ne peut non plus perpétuer le statu quo. Les deux côtés, néanmoins, ont aussi tort s’ils pensent que ces options sont les seules. Il s’agit d’une fausse dichotomie. Le fait qu’il n’y ait aucun moyen de terminer le conflit de façon décisive ne doit pas nous engager à la passivité ; l’alternative à la fin du conflit n’est pas nécessairement de gérer le conflit — il y a une autre option : le limiter.
À titre d’analogie instructive, prenons l’univers médical. Certaines affections graves ne peuvent être guéries, mais l’intervention de la médecine a quand même un sens. Les traitements sont peut-être incapables d’éradiquer la maladie, mais ils sont capables de contenir ses effets destructeurs — cela pourrait changer une maladie mortelle en affection purement chronique. Même si Israël n’a pas le pouvoir de régler le conflit, il lui reste la possibilité de le réduire.
Telle la pensée artistique, une approche nuancée
Prenons les deux situations suivantes : La personne A décide de jeûner à Yom Kippour, mais craque en cours de journée et boit une canette d’eau froide. Au contraire, la personne B ne jeûne pas du tout et mange durant la journée trois savoureux repas complets. Il y a de toute évidence une énorme différence entre les deux cas, mais du point de vue de la loi religieuse, c’est la même chose. Selon la Halakha [la “Voie” — compilation des règles et prescriptions bibliques, auxquelles viennent s’ajouter à l’époque rabbinique les coutumes et traditions répertoriées dans le Talmud — guide et rythme la vie des pratiquants au quotidien dans le dédale de 613 lois], on jeûne ou pas.
La religion s’ancre dans la dichotomie. Elle traite du permis et de l’interdit, du pur et de l’impur, du sacré et du profane. L’art, en revanche, ne se fonde pas sur la dichotomie. Si quelqu’un n’est pas convaincu par le dernier morceau d’un groupe, cela ne veut pas dire qu’il le juge horrible. Il est tout à fait possible de trouver une chanson agréable mais banale, voire médiocre. Tandis que la religion voit tout ce qui n’est pas sacré comme profane, l’art ne considère pas tout ce qui n’est pas beau comme laid.
La religion use de dichotomies ; l’art, de palettes. L’un de nos problèmes est que nous concevons la politique de la même façon que la religion. Pouvons-nous changer nos cadres mentaux et commencer à penser la politique sans dualisme ? Si, par exemple, il s’avère impossible d’en finir avec le gouvernement militaire des Palestiniens sans prendre d’intolérables risques sécuritaires, ne pourrions-nous du moins réduire drastiquement ce gouvernement militaire ?
Je suis conscient que quelques lecteurs pourraient trouver cette dernière phrase choquante. Ils doivent se dire : « Quel sens cela a-t-il de limiter l’occupation ? L’occupation est l’occupation. » Cette objection me fait revenir en mémoire ceux qui prétendaient qu’évacuer l’avant-poste [sauvage] d’Amona équivalait à évacuer Jérusalem, disant que toutes les évacuations se valent. Ce sont des exemples de la façon dont les cadres intellectuels religieux ont été transposés dans la pensée politique contemporaine. En tant que société, nous avons encore à décider de séparer la religion de la politique, mais je crois que dans l’immédiat nous pouvons au moins arrêter de faire de la politique une sorte de religion.
Renonçons douloureusement à nos rêves
Nous ne pouvons pas continuer à fonder de nouvelles colonies dans le cœur biblique d’Israël, non plus que nous ne pouvons arriver à un accord construisant le nouveau Moyen-Orient. Renoncer à nos rêves veut dire mûrir politiquement, et se résoudre à l’imperfection inhérente à l’histoire juive.
Ces trois leviers intellectuels peuvent libérer notre parole et notre pensée. Si nous renonçons à nos rêves, abandonnons nos fausses dichotomies, et purgeons nos politiques des modes de pensée religieux, il nous sera possible d’envisager la question suivante : Que pouvons-nous faire pour réduire drastiquement notre contrôle [politique et militaire] sur les Palestiniens sans mettre en danger en même temps la sécurité des Israéliens ?
En l’occurence, plusieurs modes d’action de ce genre existent, dont nous devons commencer à discuter. En cours de route, je les ai examinés dans le livre ainsi que dans les réunions publiques qui suivirent. Ces options politiques sont généralement négligées par le discours public israélien, mais on les trouve dans les fichiers et dossiers de nos fonctionnaires. En voici quelques brefs exemples :
1. Remettre des parties de la zone C au contrôle administratif de l’Autorité palestinienne, élargissant ainsi son espace vital et réduisant sa dépendance envers Israël.
2. Construire un ensemble de ponts, de tunnels et de routes contournant les implantations de façon à relier les divers territoires sous le contrôle de l’Autorité palestinienne et, ce qui n’est pas moins important, pour lui accorder la souveraineté sur tous ces couloirs de circulation. C’est un projet gigantesque, qui ne doterait pas l’AP d’une contiguïté territoriale, mais [lui conférerait] un réseau souverain de contiguïté de transport.
3. Cesser d’étendre les colonies hors des grands blocs d’implantation, afin de faire progresser les efforts en vue de créer une contiguïté de transport maximale pour les Palestiniens.
4. Amender le Protocole de Paris sur les relations économiques pour renforcer la puissance financière et administrative de l’Autorité palestinienne, développant ainsi son autonomie économique.
Semblables politiques pourraient être décidées immédiatement car aucune d’elles n’exige [la signature d’]un traité de paix. Quels résultats pourrions-nous en attendre ? Il y aurait peu de répercussions sécuritaires sur Israël, car Tsa’hal resterait présente sur le terrain, tandis que les services du Shin Beth ne seraient pas concernés. De tels actes allègeraient vraiment la dépendance des Palestiniens vis-à-vis d’Israël et réduiraient en grande part leur sentiment d’humiliation.
Pareilles initiatives régleraient-elles le conflit ? De toute évidence non, mais elles feraient quelque chose d’autre : elles montreraient qu’il est possible de limiter la domination d’Israël sur les Palestiniens sans limiter du même coup la sécurité des citoyens israéliens. Pour le dire crûment, elles changent les règles de ce que beaucoup voient comme un jeu sans gagnant ni perdant.
Est-ce que ces mesures mèneraient à un accord plus large ? Probablement, mais cela n’est pas sûr. Amélioreraient-elles le statu quo ? Absolument. Si nous abordons notre débat politique avec de nouveaux critères ; si nous cessons d’évaluer les idées politiques selon leur aptitude à “résoudre” le problème et nous demandons plutôt si elles y remédient — nous pourrons commencer à examiner une série de petites propositions qui viendraient s’ajouter à un tout à l’impact déterminant.
Naturellement, il y aura des désaccords sur les mesures à prendre, mais là est toute la question — il est grand temps de dépasser ce point. Le débat public s’enferme dans une dichotomie : nous argumentons en faveur ou contre des plans qui promettent la rédemption, tout en omettant de discuter de petites mesures allant s’additionnant.
Nous avons tendance à croire que de la confusion naît la paralysie ; tandis que les certitudes stimulent l’action. Je pose que dans notre cas la vérité est différente : ce sont les certitudes idéologiques qui nous mènent à la paralysie ; tandis que la confusion entourant les grands rêves politiques israéliens peut nous donner la latitude d’adopter de petites mesures du type qui nous conduira hors de notre piège, le Catch 67.
L’Auteur
Doté d’un doctorat en pensée juive de l’Université hébraïque de Jérusalem où il enseigne, le docteur Micah Goodman est chercheur à l’institut Shalom Hartman de Jérusalem. Il y dirige Ein Prat, collège pour jeunes adultes fort au fil des ans et de par le monde de quelque 7 000 élèves, renforçant le caractère juif pluraliste de l’État d’Israël, les liens entre Israéliens issus de contextes différents, et construisent un pont entre les jeunes adultes et leurs pairs en diaspora. Il est l’une des voix qui comptent sur le judaïsme, le sionisme, la bible, et les défis comme les chances qui se présentent à Israël et à la judaïcité mondiale contemporaine.
Au nombre de ses ouvrages, portant sur les textes du Pentateuque et de la tradition juive, 67 מלכוד [“Le Piège de 67”], Tel-Aviv, Kinneret Zmora-Bitan Dvir, septembre 2017 ; trad. à paraître sous le titre Catch 67: The Ideas Underlying the Conflict Tearing Israel Apart [Catch 67. Les idées qui sous-tendent le conflit et déchirent Israël], USA, Presses universitaires de Yale, août 2018 — qui dresse un bilan peu complaisant de la victoire de juin 67 à l’occasion de son 50e anniversaire.