Dans quelques jours la police israélienne devrait faire connaitre ses recommandations s’agissant de l’inculpation éventuelle de B. Nétanyahou impliqué dans plusieurs affaires. Le procureur-général Avichai Mandelblit décidera alors de suivre ou non ces recommandations et d’une éventuelle inculpation.


Lettre d’information de La Paix Maintenant, mi-février 2018.

Photo : La question se pose… Illustration Le Temps, diffusée par Israel Valley, site de la chambre de commerce France-Israël, juillet 2017 [DR].


Seules deux affaires sont concernées : les dossier 1000 (cadeaux, essentiellement champagne, bijoux et cigares de prix  pour plusieurs centaines de milliers de shekels) et 2000 (conversations enregistrées entre B. Nétanyahou et le propriétaire du quotidien Yédioth A’haronoth, au cours desquelles il lui était proposé, en échange d’une couverture plus favorable, d’affaiblir son principal concurrent, Israel Hayom, un “gratuit” tout à la gloire du Premier ministre).

Deux autres affaires restent hors-champ : la 3000 (soupçons de corruption de son avocat et plus proche confident dans l’achat de sous-marins allemands) et la 4000 (deux proches auraient promu les intérêts de Bezek, géant des télécommunications, dont le principal actionnaire est ami de Nétanyahou et propriétaire d’un site d’information qui lui est dévoué).

Benyamim Nétanyahou, même inculpé, ne serait pas contraint à la démission et il est probable qu’il restera encore au pouvoir, notamment si la situation sécuritaire reste tendue au nord du pays et également, voire surtout, parce qu’aucune des composantes de sa majorité n’est intéressée à retourner devant les électeurs. Mais cette situation, outre son caractère malsain, affaiblit considérablement le Premier ministre ; celui-ci se voit contraint de céder au chantage des partis les plus extrémistes de son gouvernement, lesquels savent que le rapport de forces leur est favorable, le soutien de Trump se cumulant à la fragilisation de Nétanyahou — demeuré populaire en dépit de l’aversion croissante qu’il génère.

Résultat ? La colonisation s’emballe ; les atteintes à la démocratie se multiplient, la délégitimation des adversaires politiques émanant de la société civile s’exacerbe, l’iranisation du quotidien se poursuit ; le caractère laïc du pays régresse ; les déclarations et autres décisions  jetant de l’huile sur le feu accentuent fracture et délitement du lien et des valeurs essentielles. Pourtant, les opposants ne renoncent en rien et gagnent du terrain — insuffisamment sans doute.

Au-delà du remplacement (improbable à brève échéance) de la personne même de Nétanyahou, la question posée est celle du changement de politique, seule condition pour réhabiliter le caractère juif ET démocratique de l’État ; restaurer l’image d’Israël dans le monde : mettre un terme à l’éloignement croissant Israël/Diaspora ; et surtout, progresser vers une solution du conflit israélo-palestinien sur la base de 2 peuples/2 États (voir notre réunion du 15 février).


L’Auteur

Sociologue et membre-fondateur des Amis de Shalom Akhshav, devenus La Paix Maintenant, Ilan Rozenkier a été élu président de l’association en 2014.

 

 

 

 

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