Alors qu’il va entamer sa 55eme annee, l’Etat d’Israel resonne des memes
problemes existentiels deja presents a sa naissance. Bien que l’Etat ait
accompli un chemin impressionnant en termes de developpement, il se trouve
confronte a une crise politique et securitaire qui influence l’essence meme
de sa vie.
Au cours de l’annee ecoulee, l’intifada qui a eclate en septembre 2000 s’est
transformee en un conflit violent et apre, qui a fait remonter a la surface
les fosses qui ont existe entre Israel et les Palestiniens, et entre Israel
et le monde arabe en general, depuis 1947. Bien qu’Israel ait fait la preuve
de sa force militaire et de la valeur de ses soldats, les limites de la
force en tant que moyen pour obtenir des gains politiques sont en meme temps
apparues clairement a l’opinion publique. Il est egalement clair qu’Israel
n’a pas trouve en lui-meme la force emotionnelle necessaire pour tirer les
conclusions adequates de cette grave crise : se liberer des entraves des
territoires conquis pendant la guerre defensive de 1967.
Dans la 54eme annee de son independance, Israel a tente d’utiliser la force
pour resoudre les problemes de securite qui menacent le pays, mais cet
effort a ete vain. Les differentes reponses militaires (sieges, assassinats,
incursions, et Operation Mur Protecteur) aux attentats meurtriers des
Palestiniens n’ont pas donne les resultats escomptes. Au contraire, ces
efforts, dans lesquels Tsahal s’est engage tout entier, a commencer par ces
soldats israeliens qui ont sacrifie leur vie, ont fait grandir l’animosite
des Palestiniens, et renforce ceux qui cherchent a semer la destruction dans
les rues d’Israel.
Le fardeau de la securite affecte tous les aspects de la vie en Israel, son
economie, sa situation diplomatique, l’humeur de l’opinion, la vitalite de
sa creation, et les modes de vie individuels. Israel peut assieger les
villes palestiniennes, mais il est, lui aussi, assiege, et les echos de
cette campagne ont envoye des ondes de choc a travers le monde entier,
reveillant l’antisemitisme tapi dans les profondeurs, et rendant ainsi
vulnerables les communautes juives de la diaspora.
Voila le bilan negatif de l’annee ecoulee, malgre le sentiment de la plupart des Israeliens qu’ils ne font que se defendre contre un terrorisme diabolique orchestre par un dirigeant palestinien imbecile qui a rejete une offre de paix d’une grande portee, et violé un accord qui stipulait de ne pas avoir recours a la violence.
La conclusion est evidente : pour se liberer du noeud coulant, Israel doit
se sortir des territoires. L’opinion est mure pour l’emergence d’un
dirigeant assez courageux pour corriger les erreurs tragiques commises par
tous les gouvernements d’Israel depuis 1967 : construire des colonies. Les
territoires devaient constituer une carte dans les negociations de paix,
pour le jour ou les Arabes accepteraient de telles negociations. Tout le
monde sait que, sans les colonies, il aurait ete possible depuis longtemps
d’arriver a un accord avec les Palestiniens.
Plusieurs propositions presentees recemment offrent des chances raisonnables
de paix avec les Palestiniens, et avec le monde arabe, sur la base du
principe de la terre contre la paix. Aujourd’hui, Israel a besoin d’un
leader qui fasse siennes ces idees, et conduise la majorite de son peuple a
reconnaitre que le chemin pour rendre possible la vision des peres
fondateurs passe par un retrait sur les frontieres de 1967. Autant qu’on
puisse en juger, le Premier Ministre Ariel Sharon n’est pas celui qui
endossera ce role historique.