Extraits du blog de Jacques Benillouche
Après l’assassinat de trois personnes dans l’implantation de ’Halamish, le 21 juillet 2017, la question se pose de la sécurité des implantations. Après les larmes et le deuil, on ne peut pas balayer d’un revers de main deux questions fondamentales : l’intérêt d’implantations au milieu de nulle part, dans un environnement arabe hostile, et la protection d’implantations isolées. Leurs habitants donnent l’impression de ne pas être sensibles aux risques encourus.
Or la situation a évolué. Les jeunes Palestiniens se radicalisent de plus en plus et ne suivent plus les conseils de leurs aînés. Ils disposent d’armes fabriquées localement dans les villages, avec des moyens de fortune, et ils sont influencés par les prêches d’imams radicaux, à Jérusalem même.
L’éparpillement des blocs a été analysé par les experts sécuritaires israéliens qui recommandent dorénavant d’en limiter le développement afin d’assurer une défense efficace. Ils prônent le regroupement autour des implantations majeures. D’ailleurs l’Institut d’études sur la sécurité nationale recommande ce choix à Israël pour faciliter le projet américain de Donald Trump de créer un État palestinien.
Selon Amos Yadlin, directeur de l’institut : « Israël doit saisir la chance de l’arrivée d’une nouvelle administration américaine avec une nouvelle approche pour promouvoir le remodelage indépendant de ses frontières, même si les Palestiniens s’en tiennent encore à leur position extrême. » Cela rejoint d’ailleurs le projet du ministre de la Défense Avigdor Lieberman qui veut créer à présent une entité palestinienne autonome et garder les trois grands blocs principaux.
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La création d’implantations ne procède plus d’un besoin sécuritaire mais d’une volonté messianique. L’histoire des implantations date du lendemain de la Guerre des Six-Jours. Yigal Alon, ancien général et conseiller du gouvernement travailliste de 1967 à 1977, avait présenté son plan fondamental dont l’objectif consistait à conserver des frontières sûres pour Israël. […] Sa stratégie territoriale reposait sur des considérations uniquement militaires, sans aucune référence historique ou biblique. […]
Il fit une exception en cédant à des considérations historiques, sous la pression de groupes religieux, acceptant d’étendre la zone israélienne jusqu’à Hébron, la cité des Patriarches, abritant le tombeau d’Abraham. Ainsi, en 1968, Kyriat Arba était créée à l’est de la ville.
Un premier tournant a lieu après la guerre du Kippour d’octobre 1973, lorsque les Travaillistes ont accepté des implantations dans des territoires densément peuplés. En fait, au sein des sionistes, un changement politique est intervenu. Les Juifs religieux […] se sont convertis au sionisme actif pour décréter que les Juifs doivent s’installer dans toute la Cisjordanie suite à la promesse faite par Dieu. […] Des groupes de pression se forment dont le plus important, le Goush Emounim […], incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, uniquement par devoir religieux. […]
L’arrivée au pouvoir de la droite en 1977 avec Menahem Begin, a encore accentué la stratégie. Le Likoud décida de garder les “territoires récupérés” et non plus “occupés” pour constituer le “Grand-Israël” […] La création des implantations change de nature en passant d’un besoin de sécurité à “une volonté de peuplement, de judaïsation des territoires conquis”.
Les choses ont depuis changé. Les Palestiniens sont soutenus par les Occidentaux et leurs forces de sécurité disposent d’un armement légal, qui change de camp parfois. De nombreuses armes entrent illégalement en Cisjordanie tandis que de nouvelles petites usines voient le jour pour construire des mitraillettes artisanales. […] Par ailleurs, pour éviter une situation de western, les civils israéliens ont été désarmés et seuls les officiers de réserve gardent le droit de porter une arme ce qui ne facilite pas la défense des civils alors que les méthodes des terroristes évoluent aussi. L’éparpillement des points d’implantation rend difficile leur protection militaire. Tsahal est conscient de ces lacunes et prône le regroupement des petites entités autour des grands blocs ; or les implantations sauvages se développent de plus en plus.
Les implantations sont devenues un enjeu politique et même économique. Il s’agit d’abord d’y placer le maximum d’immigrés et même d’Israéliens pour assurer leur survie et leur extension afin de bloquer toute solution de restitution, même partielle, de la Cisjordanie. La droite nationaliste utilise les implantations comme moyen de pression contre le gouvernement et contre sa politique économique. L’augmentation de prix de l’immobilier dans les villes est telle que les Israéliens n’ont plus d’autres solutions que de s’installer au-delà de la ligne verte, à un coût dix fois inférieur. Il est possible en effet de se loger dans un quatre pièces tout confort pour à peine 100 000 dollars.
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Israël doit donc faire face à un choix pour l’avenir ; soit idéologique en maintenant l’existence d’implantations qui n’entrent plus dans le programme sécuritaire du pays ; soit pragmatique en démantelant les petites entités pour les regrouper autour des trois grands blocs. C’est l’option de Lieberman qui a beaucoup évolué sur la question et qu’il compte appliquer s’il arrive au pouvoir. La séparation avec les Palestiniens, dans le cadre d’un État palestinien, reste la seule solution viable souhaitée d’ailleurs par les Occidentaux. Laissons à l’ancien ambassadeur Arie Avidor le soin de conclure :
« Il faut lutter contre le terrorisme sans pour autant danser sur les flaques de sang. »