article en anglais sur le site d’Haaretz
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Seuls 10% des refugies palestiniens vivant en Cisjordanie, dans la bande de
Gaza, en Jordanie et au Liban, sont interesses par un retour a leur ancien
domicile en Israel, selon un sondage effectue par un institut de recherche
de Ramallah, a rapporte dimanche soir la radio israelienne.
Le responsable de l’etude, le Dr Khalil Shikaki, dit que la plupart des refugies comprennent qu’un retour en Israel implique le fait d’accepter la citoyennete israelienne, et de se conformer aux lois et au mode de vie de la societe israelienne.
L’etude se fonde sur 4.500 entretiens. La moitie environ des personnes
interrogees ont dit qu’elles aimeraient vivre dans un Etat palestinien independant, et 17% qu’elles prefereraient rester dans leur lieu d’habitation actuel. Des sondages similaires, effectues auparavant, montraient qu’environ 95% des personnes interrogees exigeaient le droit au retour, mais la question de savoir s’ils comptaient effectivement exercer ce droit n’avait jamais ete posee.
Des dizaines de refugies palestiniens en colere ont saccage dimanche le
bureau de Shikaki, le barbouillant d’oeufs, renversant des tables et cassant les fenetres. Ils s’opposaient a la publication du sondage.
Shikaki, dont l’equipe prend regulieremet le pouls politique de l’opinion
palestinienne, dit que « la grande majorite » des refugies acceptent l’idee
d’une compensation financiere a la place d’un retour a leur ancien domicile
et leurs anciennes terres, qu’ils ont abandonnés ou desquels is ont ete
forces de fuir en 1948.
« Ceci est un message a quiconque essaie de toucher a nos droits », a dit l’un
des refugies en colere,alors que d’autres mettaient a sac les bureaux du
Palestinian Center for Policy and Survey Research de Shikaki.
La police palestinienne est intervenue pour calmer les esprits, mais Shikaki, la chemise souillee de jaune d’oeuf, a annule la conference de presse prevue a Ramallah, ou il comptait rendre publics les resultats du sondage.
« Ils n’ont meme pas vu les resultats », a dit Shikaki a l’agence Reuters. Il n’a pas ete blesse
Shikaki avait dit precedemment a des journalistes que son etude montrait que
la plupart des refugies disperses dans tout le Moyen Orient etaient prets a
accepter une compensation et une vie nouvelle dans un Etat palestinien, et
que leur perspective n’etait pas de retourner dans leurs anciennes maisons.
Environ 700.000 Palestiniens sont devenus refugies lors de la creation de
l’Etat d’Israel en 1948. Leur nombre atteint aujourd’hui quatre millions, qui vivent dans les camps de refugies de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, en Jordanie, en Syrie et au Liban.
Israel est oppose au retour des refugies, qui selon lui reduirait les Juifs a une minorite dans l’Etat juif, qui comprend actuellement cinq millions de Juifs pour un million d’Arabes.
Les refugies, ainsi que de nombreux Palestiniens, disent qu’il ne peut y avoir de paix avec Israel tant qu’Israel ne reconnait pas le droit au retour des refugies.
Le probleme des refugies est si charge emotionnellement qu’il a ete laisse de cote en attendant les etapes finales des negociations, quand Israel et l’OLP ont signe les accords d’Oslo en 1993.
Tres peu d’hommes politiques palestiniens sont prets a suggerer que les refugies renoncent au droit au retour. Sari Nusseibeh a perdu beaucoup de sa
popularite aupres des Palestiniens quand il a emis l’idee que le droit au retour n’etait pas realiste.