(article en anglais sur le site d’Ha’aretz)
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Aujourd’hui, Abou Mazen rencontre Ariel Sharon et George Bush. La rencontre arrive très tard, mais mieux vaut tard que jamais.
Si la rencontre avait eu lieu plus tôt, cela aurait pu épargner les vies de centaines de Palestiniens et d’Israéliens. Mais elle peut encore épargner les vies de centaines d’êtres humains.
Ces deux dernières annees et demi, nous, Palestiniens et Israéliens, avons usé de nos mains pour tuer et détruire, ces mêmes mains dont nous nous servions pour préserver la vie et la paix. Nous, Palestiniens et Israéliens, pratiquons le terrorisme les uns contre les autres. Nous avons inondé la région de violence, et dechiré notre avenir. Nous avons bâti un immense mur de haine.
Un sommet comme celui-ci, bien sûr, ne mettra pas fin à ces exactions, mais il y a encore chez les Palestiniens l’espoir que la vie peut être meilleure.
Récemment, alors que je me trouvais à Abou Dis (localité proche de Jérusalem, ndt), j’ai eu le plaisir de rencontrer des Palestiniens venus de Jénine pour échanger des produits. Ils semblaient heureux d’avoir pu sortir de Jénine. Ils ont expliqué combien leur vie quotidienne leur était devenue, non seulement difficile, mais impossible. Ils ont dit qu’ils n’avaient plus l’énergie pour continuer à vivre une vie aussi terrible. Pas un d’entre eux n’a exprimé le désir d’être un « shahid » (martyr). Pas un d’entre eux n’a exprimé le désir de commettre un attentat suicide. C’est ce que j’entends de la bouche de Palestiniens depuis deux ans et demi. Il semble y avoir aujourd’hui chez les Palestiniens un désir de paix et de vie. Il semble y avoir chez les Palestiniens un amour de la vie, plutot qu’un désir d’être
des shahids.
Entre temps, j’ai ete choqué de voir à la télévision les images d’enfants rendant visite à Arafat à la Muqata et le soutenir pour le Jour de l’enfant.
Le président palestinien parle encore de shahids et a encouragé des enfants
à devenir des martyrs en leur disant qu’un shahid sur terre est considéré par Dieu comme plus grand que 40 shahids au paradis. (cette déclaration n’a jamais été condamnée, par quelque organisation pour la protection de l’enfance que ce soit).
Il semble qu’Arafat encourage toujours des Palestiniens à se sacrifier, attitude qui n’a ni logique, ni éthique. Au lieu de parler de paix et de vie, au lieu de soutenir la coexistence, au lieu d’en appeler à la conscience des êtres humains, Arafat réclame la mort. Il semble que les 2.500 Palestiniens et les 700 Israéliens tués pendant cette intifada ne suffisent pas à satisfaire les intérêts politiques d’Arafat. J’espère (et j’en suis presque certain) qu’Abou Mazen ne se conduira pas de la même manière. J’espere aussi qu’Abou Mazen, et son gouvernement, feront de leur mieux pour mettre un terme au terrorisme et à la violence.
Comme Sharon l’a dit lui-même pendant sa campagne électorale, « Seul Sharon
peut le faire ». Il semble en effet que seul Sharon puisse faire quelque
chose. Sharon peut arrêter les démolitions de maisons. Sharon peut arrêter
les assassinats. Sharon peut lever les bouclages. Sharon peut évacuer les
colonies. Sharon peut créer un Etat palestinien. Si Sharon réalise tout
cela, Abou Mazen sera considéré comme ayant réussi. Abou Mazen sera
considéré comme un « Sadate palestinien ». Sharon a souhaité aider Abou Mazen
et son gouvernement. Des mesures pour arrêter ces pratiques d’oppression
seraient d’une aide immense pour le nouveau gouvernement palestinien.
Nous esperons que Bush sera honnête et sans parti pris, même au risque de
fâcher le puissanr lobby juif américain.
Apres le sommet, je voudrais entendre de la bouche des deux leaders les mêmes mots que Sadate a prononcés devant la Knesset en 1977 : « plus de guerre ». C’est la seule déclaration qui puisse sauver des vies des deux côtés. il est temps pour les Palestiniens de faire le choix de la vie, et non de la mort. Ce n’est qu’en étant en vie qu’on peut réaliser quelque chose.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le conflit israélo-palestinien n’est pas si compliqué. Il exige seulement des décisions fortes et courageuses, et un véritable engagement à les appliquer.