L’enlisement du processus de paix israélo-palestinien s’accentue alors qu’on se croyait déjà au fond du fond, chacun des protagonistes cherchant à obtenir l’aval de Donald Trump. Israël, qui est certes en meilleure position que l’Autorité palestinienne, n’a pas obtenu pour autant le blanc-seing que Benyamin Nétanyahou était aller quémander à Washington. Pour preuve, la décision de ne pas soumettre – pour l’instant – au vote du comité ministériel en charge des nouvelles législations, le projet de loi visant à étendre la souveraineté israélienne à Ma’aleh Adoumim.
Ce report confirme ce que Nétanyahou aurait dit lundi dernier aux députés du Likoud, à savoir qu’il n’avait pas obtenu de Trump son accord pour mettre en route de nouvelles constructions. On ne peut cependant rien présager de l’avenir avec une administration américaine aux mains de Donald (Trump) et Mickey (Pence).
C’est cependant encourageant, de même que peut l’être ce sondage publié en début de semaine selon lequel plus de la moitié des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie sont favorables à la solution à deux États. Dans un autre domaine, relevant du niveau économico-régional, on a appris que depuis janvier Israël avait, pour la première fois et discrètement, commencé à exporter du gaz vers la Jordanie à partir de l’exploitation offshore de Tamar en Méditerranée, conformément à un accord signé en 2014 prévoyant l’importation durant une période de 15 ans de 2 milliards de m3.
Mais rien de tout cela ne saurait se substituer à l’impérieuse nécessité d’une initiative politique. Ce qu’on a appris de plus important à mon sens du récent rapport du contrôleur de l’État sur la guerre de Gaza à l’été 2014 – dite “Bordure protectrice” – est que le gouvernement israélien, et son cabinet de sécurité en particulier, n’avaient pas envisagé les mesures politiques à prendre à l’endroit de la bande de Gaza. Mesures qui auraient pu endiguer, selon le ministre de la Défense lui-même, l’escalade qui a mené au déclenchement de la guerre. Ce rapport note qu’entre la constitution du gouvernement en mars et l’opération Bordure protectrice, aucune réunion de haut niveau n’avait été tenue afin de délibérer de la situation humanitaire désastreuse à Gaza et des moyens d’améliorer la vie quotidienne des habitants, soumis au double blocus israélien et égyptien. « Il n’était question entre ministres que d’usage de la force et de ses degrés, déplore le contrôleur de l’État, faute d’une véritable stratégie à long terme. »
Voilà ce à quoi mène une absence de vison politique : à la guerre… Y compris à celle entre généraux et politiques israéliens qui fut, semble-t-il, particulièrement virulente.
Le tunnel le plus dangereux à moyen et long terme n’est pas celui du Hamas, mais bien plutôt celui dans lequel le gouvernement israélien s’est engouffré et dont il ne fait rien, ou si peu, pour se dégager et retrouver une lucidité politique. Elle seule lui permettra de restaurer sa position internationale et, plus essentiel encore, de sortir le conflit de l’ornière et de prévenir un nouvel embrasement.