« La cause palestinienne a été détournée par les extrémistes, mais abandonner ne ferait que créer un cercle vicieux. »


Auteur : Ahmed Fouad ALKHATIB, The Jewish Chronicle, 7 janvier 2025

Traduction : Google, revue par Y. M.

Sourcehttps://www.thejc.com/lets-talk/dont-lose-hope-many-palestinians-do-want-peace-xrzn0nd6

Photo : Manifestation anti-israélienne à New York (© : Getty Images)

Mis en ligne le 11 janvier 2025


Depuis l’attaque du 7 octobre et le discours horrible qu’elle a suscité, il est devenu difficile pour de nombreux membres des communautés juives et pro-israéliennes de garder espoir quant à la perspective d’une paix et d’une coexistence entre Israéliens et Palestiniens. Une avalanche de discours haineux, couplée à d’intenses manifestations, semble avoir ignoré le sort des otages toujours détenus par le Hamas, et une multitude de justifications académiques et médiatiques de la violence comme forme de « résistance » ont conduit beaucoup à perdre espoir.

Pire encore, les incessantes déclarations, actions, publications sur les réseaux sociaux et les activités sans fin de certains membres de la communauté « pro-Palestine » ont conduit de nombreuses personnes à rejeter tout soutien à la cause palestinienne, qui serait un moyen de faciliter la « haine des Juifs ». Ces écoles de pensée sont omniprésentes parmi les auteurs et écrivains juifs, les universitaires et les militants qui ne croient plus en la possibilité qu’un État palestinien libre et indépendant puisse un jour cohabiter avec un Israël juif sûr et sécurisé… Mais de telles pensées créent un cercle vicieux de prophéties auto-réalisatrices qui ignorent les lueurs d’espoir et les possibilités empathiques de trouver un terrain d’entente.

Depuis le massacre du 7 octobre et la guerre d’anéantissement contre Gaza, je suis porté par différents fils d’espoir venant de voix palestiniennes, arabes et musulmanes et de militants qui ne sont pas complices du discours « pro-Palestine » qui divise et alimente la haine. Je suis en contact régulier avec de nombreux Palestiniens, notamment à Gaza et en Cisjordanie, qui s’opposent avec véhémence au Hamas et au discours de la résistance armée. J’ai parlé à des groupes palestiniens et à des mosquées et associations musulmanes qui reconnaissent le caractère criminel des événements du 7 octobre. Je parle à des militants et à des universitaires qui souhaitent voir prospérer la cause palestinienne, qui mène à l’émancipation de l’occupation et de la domination israéliennes, tout en refusant l’idéologie islamiste et le nihilisme politique.

Depuis 15 mois, malgré la perte de dizaines de membres de ma famille immédiate et élargie dans les bombardements israéliens qui ont tué de jeunes enfants et détruit mes deux maisons d’enfance dans la bande de Gaza, où j’ai grandi, j’ai été inspiré par les voix palestiniennes à Gaza et dans la diaspora qui reconnaissent la toxicité du discours actuel et la nécessité d’une empathie radicale et d’un pragmatisme lorsqu’il s’agit d’engager le dialogue avec les publics juif et israélien.

Je salue ceux qui soutiennent la cause palestinienne et rejettent toute forme d’antisémitisme et de haine. Je fais référence à ceux qui reconnaissent qu’Israël est là pour rester et ne sera jamais effacé, ce qui nécessite une voie réaliste fondée sur la solution à deux États pour garantir les droits mutuels inclusifs des deux peuples sur la terre sainte. Je parle des responsables arabes et musulmans du Moyen-Orient et d’ailleurs qui décrivent leur désir sincère de voir la guerre à Gaza prendre fin, la domination du Hamas sur les Palestiniens cesser et les perspectives d’un État palestinien revitalisé pour résoudre ce conflit une fois pour toutes.

Beaucoup de ces voix, nombreuses et présentes partout, sont étouffées, intimidées et contraintes au silence par les voix fortes qui propagent des discours inutiles et bien ancrés et exigent l’obéissance à une vision du monde anti-israélienne singulière, de peur d’être qualifié de « vendu sioniste » ou de traître. Le nombre de personnes qui me font part en privé et régulièrement de leur appréciation de ma voix et me remercient de dire ce qu’elles savent être vrai mais ne peuvent pas le dire publiquement a été l’une des rares raisons d’espérer pour soutenir mes efforts de plaidoyer et d’engagement public depuis le 7 octobre.

Les défenseurs juifs et pro-israéliens doivent reconnaître que les Palestiniens ne sont pas un groupe monolithique : la cause a été détournée par des extrémistes. Les alliés juifs, sionistes, israéliens et pro-israéliens ont un rôle important à jouer pour créer un espace permettant aux voix modérées et pragmatiques palestiniennes, arabes et musulmanes de promouvoir un nouveau troisième récit afin de promouvoir des perspectives significatives de paix et de coexistence. Cela exige de reconnaître la légitimité de la souffrance palestinienne, entièrement indépendante de la criminalité du Hamas et de la bassesse de certains militants « pro-palestiniens » qui ont déshumanisé la communauté juive et promu des narratifs qui n’aident personne.

Il faut également éviter les généralisations grossières et le rejet de tous les Palestiniens et de leur cause comme étant intrinsèquement antisémites ou en contradiction avec l’existence d’Israël. Il est important de reconnaître que ce qui se passe à Gaza aux mains du gouvernement actuel et de l’armée israélienne est horrible à tous les niveaux imaginables, même si l’on tient le Hamas pour responsable du déclenchement de cette guerre et de la poursuite de la détention d’otages israéliens. De nombreuses choses peuvent être vraies, et la seule voie pour sortir de la polarisation nécessite une réflexion multidimensionnelle qui rejette les approches en noir et blanc qui ont porté préjudice aux Juifs et aux Israéliens tout comme elles ont porté préjudice aux Palestiniens et aux musulmans.

J’exhorte la diaspora juive à se prémunir contre les visions trop simplistes qui diabolisent tous les Palestiniens ou qui rejettent l’ensemble de la cause palestinienne comme vecteur de haine. Le peuple palestinien, comme tout autre peuple, mérite de vivre en liberté et en indépendance, tout comme les juifs israéliens méritent de vivre en sécurité et en sûreté, et tout comme la communauté juive de la diaspora mérite de vivre libre de toute haine et de toute intimidation.

Les voix palestiniennes, arabes et musulmanes pragmatiques et favorables à la paix sont omniprésentes, même si beaucoup sont réprimées. Je me suis donné pour mission de normaliser un nouveau discours au sein de la communauté pro-palestinienne qui reconnaisse de multiples vérités, rejette la violence, promeuve la paix et la coexistence et privilégie l’engagement et le dialogue plutôt que la division et le boycott.

Il doit y avoir de l’espoir pour une cause palestinienne nouvelle et rajeunie : les alliés juifs et pro-israéliens seront essentiels pour faire de cet objectif une réalité.