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Deux instituts, l’un palestinien (Palestinian Center for Policy and Survey
Research – PSR, Ramallah) et l’autre isaelien (Harry S. Truman Research
Institute for the Advancement of Peace, Universite hebraique de Jerusalem)
ont mene en parallele une etude des opinions publiques palestinienne et
israelienne.

Cette etude, la quatrieme de ce type, fait partie d’un projet de recherche
sur les deux opinions publiques. La premiere etude a ete menee en juillet
2000, apres de sommet de Camp David. La presente etude examine les attitudes
envers le conflit, mais aussi des sujets comme la reforme politique et la
democratie. Elle a ete concue et supervisee par le Dr Yaakov Shamir,
professeur de communication et de journalisme a l’Universite hebraique de
Jerusalem, et par le Dr Khalil Shikaki, prodesseur de science politique et
directeur de PSR. Les deux etudes incluaient a la fois des questions
identiques et des questions specifiques aux deux populations. Un echantillon
representatif de 1319 Palestiniens, provenant de 120 localites de
Cisjordanie, la Bande de Gaza et Jerusalem, ont ete interviewes en entretien
en face a face (marge d’erreur estimee a 3%). Un echantillon representatif
de 1009 Israeliens ont ete interroges par telephone (marge d’erreur estimee
a 3,9%). Les entretiens ont eu lieu entre le 14 et le 23 novembre. Le resume
qui suit se fonde sur les resultats du sondage commun. Pour plus details,
contacter :
Dr SKhalil Shikaki [email protected]
Dr Yaakov Shamir [email protected]

RESUME DES RESULTATS

1/ Des signes de pragmatisme encore fragiles

Dans les deux opinions, une majorite se prononce en faveur du plan connu
sous le nom de la « feuille de route ».
Chez les Palestiniens, 54% soutiennent la « feuille de route », et 42% y sont
opposes. Chez les Israeliens, 59% sont pour, et 38% contre.
Bien qu’aucun changement n’ait ete constate dans l’attitude des Palestiniens
a l’egard de la violence, 76% des Palestiniens sont en faveur d’un arret
mutuel des violences par les Palestiniens et les Israeliens. En aout
dernier, seuls 48% des Palestiniens etaient en faveur d’un cessez-le-feu
graduel entre les deux parties. En Israel, 96% des personnes interrogees
sont en faveur d’un arret mutuel de la violence.

Chez les Palestiniens, bien que 82% d’entre eux craignent que cela conduise
a un conflit interne, 56% d’entre eux se prononcent pour que l’Autorite
palestinienne prenne des mesures pour empecher les attentats contre des
Israeliens a l’interieur d’Israel, apres qu’un accord de cessation mutuelle
des violences soit intervenu. En mai dernier, 86% d’entre eux s’opposaient a
l’arrestation des responsables des attentats suicides a l’interieur
d’Israel. Le soutien actuel a des mesures de securite contre les
responsables des attentats est similaire a celui enregistre en mars 1996
(59%).

73% des Palestiniens pensent que si l’Autorite palestinienne ne prend pas
des mesures pour empecher les attentats a l’interieur d’Israel, apres qu’un
accord soit intervenu, cela constituerait un obstacle au retour du processus
de paix entre Israeliens et Palestiniens.
Malgre ces changements significatifs dans l’opinion palestinienne, aucun
changement n’a ete constate concernant les attentats. Dans un precedent
sondage de cette annee, 53% soutenaient les attentats contre les civils
israeliens a l’interieur d’Israel, et environ 90% soutenaient les attentats
contre les soldats et les colons en Cisjordanie et a Gaza. De plus, 66% des
Palestiniens continuent a penser que la confrontation armee a permis,
jusqu’a maintenant, de faire avancer les droits des Palestiniens, bien plus
que des negociations.
Les Israeliens contestent massivement cette hypothese : 79% des Israeliens
pensent que l’intifada n’a pas servi les Palestiniens.

Dans l’opinion israelienne, on peut egalement observer un changement vers
davantage de pragmatisme. 62% des Israeliens sont maintenant en faveur du
demantelement de la plupart des colonies de Cisjordanie et de la Bande de
Gaza dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens, contre 52% en
novembre 2001 et 38% juste apres le sommet de Camp David et le declenchement
de l’intifada. En attendant qu’un accord intervienne, 64% des Israeliens
soutiennent un gel de l’expansion des colonies de Cisjordanie et de la Bande
de Gaza.

De plus, 70% des Israeliens soutiennent une politique de fermete de la part
du gouvernement envers les element israeliens extremistes des territoires,
meme si cela peut entrainer une confrontation avec les colons. 53% des
Israeliens pensent que le gouvernement n’est pas assez ferme a l’egard de
ces elements extremistes pour ce qui concerne le respect de la loi, contre
41% qui pensent qu’il est suffisamment ferme.

2/ Reconciliation entre Israeliens et Palestiniens

De facon surprenante, deux ans d’intifada semblent n’avoir eu qu’un impact
mineur sur l’attitude des Palestiniens et des Israeliens a concernant la
reconciliation, dans l’hypotheese ou il y aurait une situation de paix et un
Etat palestinien.

Dans de telles conditions, 73% des Palestiniens et 75% des Israeliens
soutiendraient un processus de reconciliation en depit des hostilites qui se
poursuivent. Alors que les Palestiniens seraient surtout en faveur de
frontieres ouvertes et d’une cooperation economique, les Israeliens
privilegieraient un changement du programme scolaire palestinien, l’arret
des incitations a la haine dans le discours public et une interaction
sociale.

Plus precisement :
83% des Palestiniens et 50% des Israeliens seraient pour des frontieres
ouvertes
66% des Palestiniens et 72% des Israeliens seraient pour des institutions et
des projets economiques communs
27% des Palestiniens et 39% des Israeliens seraient pour des institutions
politiques communes pouvant mener vers un systeme de confederation
37% des Palestiniens et 59% des Israeliens seraient pour des mesures legales
interdisant l’incitation a la haine contre l’autre cote
8% des Palestiniens et 46% des Israeliens seraient pour un programme
d’enseignement qui eduquerait les enfants a renoncer aux aspirations
irredentistes

Au niveau interpersonnel, dans des conditions de paix, 65% des Israeliens
juifs inviteraient chez eux un ami palestinien, et 58% iraient rendre visite
a un ami palestinien. 37% des Palestiniens inviteraient un collegue
israelien, et 37% iraient lui rendre visite.

3/ Reformes politiques et democratie

Tres insatisfaits de la democratie au sein de l’Autorite palestinienne, les
Palestiniens sont massivement en faveur de reformes democratiques.
Cependant, ils demeurent sceptiques quant a la capacite de leur nouveau
gouvernement a mettre en oeuvre ces reformes, et quant aux perspectives a
long terme de la democratie palestinienne. Les Israeliens partagent leur
scepticisme sur ce dernier point.

85% des Palestiniens sont pour et 13% contre une reforme fondamentale de
l’Autorite palestinienne.
73% des Palestiniens sont pour et 24% contre la nomination ou l’election
d’un Premier ministre palestinien, mais 47% sont pour et 49% contre un
changement du systeme politique actuel pour un regime parlementaire ou le
pouvoir serait entre les mains d’un premier ministre alors que le poste de
president ne serait qu’honorifique.

88% des Palestiniens sont pour et 11% contre un systeme democratique
comportant les caracteristiques suivantes : elections a periodes regulieres
et mandats a duree limitee, liberte de former des partis politiques, presse
libre et sans censure, pouvoir judiciaire independant, et respect des droits
de l’homme.
Les Palestiniens sont en faveur des valeurs et des principes democratiques,
mais ont une mauvaise opinion de l’etat actuel de la democratie au sein de
l’Autorite palestinienne, et peu d’espoirs de democratie pour l’avenir.
Les Israeliens pensent que les Palestiniens souhaitent avoir un systeme
veritablement democratique, mais ils sont encore plus sceptiques (que les
Palestiniens) sur ses possibilites d’application.

51% des Palestiniens refusent (40% acceptent) d’accorder leur confiance au
nouveau gouvernement palestinien. Seuls 37% des Palestiniens pensent que ce
gouvernement sera capable d’entreprendre les reformes politiques
necessaires.

Seuls 19% des Palestiniens (et 3% des Israeliens) evaluent positivement
l’Autorite palestinienne sur la question de la democratie et des droits de
l’homme.

Concernant les perspectives de la democratie pour l’avenir, seuls 17% des
Palestiniens (et 6% des Israeliens) s’attendent a un systeme democratique
dans le futur Etat palestinien.
Neanmoins, 67% des Israeliens pensent que les Palestiniens souhaitent un
systeme reellement democratique.

En ce qui concerne la democratie israelienne pendant l’intifada, les
Israeliens la jugent de facon plus critique que ne le font les Palestiniens.
Il semble que les Palestiniens portent un jugement davantage sur la
situation interieure israelienne que sur l’application par Israel des
principes democratiques dans sa gestion de l’intifada. Sur la plupart des
plans, une majorite d’Israeliens ne voit pas de changement dans la situation
de la democratie en Israel depuis le declenchement de l’intifada. En meme
temps, l’importance de la democratie par rapport a d’autres valeurs
cardinales a decline depuis le declenchement de l’intifada.

66% des Palestiniens jugent de facon positive l’etat de la democratie et des
droits de l’homme en Israel, contre 49% des Israeliens.
40% des Israeliens pensent que le respect par Israel des droits de l’homme
(des Palestiniens) dans les territoires s’est deteriore depuis le debut de
l’intifada, 15% pensent qu’il s’est ameliore, 37% ne voient aucun
changement.

38% des Israeliens pensent que le statut de la minorite arabe en Israel
s’est deteriore depuis l’intifada, 13% pensent qu’il s’est ameliore, et 44%
ne voient aucun changement.
26% des Israeliens pensent que le respect de la loi s’est deteriore depuis
le declenchement de l’intifada, 17% qu’il s’est ameliore, et 53% qu’il n’a
pas change.

83% des Israeliens pensent que les ecarts sociaux et economiques se sont
creuses depuis l’intifada, contre 16% qui pensent qu’il n’y a pas de
changement, ou qu’ils se sont reduits.
Concernant la liberte d’opinion, 29% pensent qu’il existe une plus grande
liberte pour les voix non consensuelles depuis l’intifada, contre 18% qui
pensent qu’il y en a moins, et 51% qui ne voient aucun changement.

73% des Israeliens pensent que les actions des colons contre des soldats et
des policiers au cours de l’evacuation de colonies illegales constituent un
danger pour la democratie.

Depuis le debut de l’intifada, l’importance relative de la democratie comme
valeur a decline par rapport a d’autres valeurs cardinales. Aujourd’hui,
seuls 20% la placent au 1er rang, contre 31% avant l’intifada.