À peine l’accord avec l’Iran était-il signé, et sans même avoir pris connaissance des 109 pages qu’il contient, que condamnations et anathèmes tombaient à profusion. Non que l’on puisse se réjouir de la réhabilitation du régime des ayatollahs; non que l’on oublie ses propos et ses actes terroristes, antisémites, sa volonté affichée de détruire Israël; non que la menace de sa nucléarisation possible soit totalement écartée; non que cet accord soit parfait et règle tous les problèmes… Mais il s’agit sans doute « du meilleur accord imparfait », comme le qualifie Elie Barnavi.
Ceux qui le pourfendent, notamment en Israël, étaient opposés à tout accord et à toute tentative susceptible d’aboutir à un accord. Ils ont pris pour parvenir à leurs fins le risque d’ébranler les relations entre Israël et les États-Unis, alliance stratégique s’il en est, par une grossière ingérence dans les affaires intérieures américaines. Ce qui s’est passé traduit l’échec de leur stratégie. Qu’à cela ne tienne! Ils entendent poursuivre dans cette voie et annoncent dès à présent qu’ils interviendront auprès des Républicains et des Démocrates pour que cet accord ne soit pas ratifié, alors même que Barak Obama a d’ores et déjà annoncé qu’il opposerait son veto à toute résolution en ce sens du Congrès. Ceux-là même qui, hier encore, étaient opposés aux sanctions – lesquelles, selon eux, n’en étaient pas – demandent aujourd’hui leur maintien. En fait, ils ne proposent aucune alternative.
Certes, il ne s’agit en aucun cas d’accorder une confiance aveugle ni de se bercer d’illusions. Il convient d’utiliser ce répit pour se renforcer militairement – et se voir apte à faire face le moment venu à toute éventualité au moyen d’une relation forte avec les USA – mais aussi et surtout politiquement. Cela passe par le rétablissement de la position d’Israël aux yeux de la communauté internationale et par une solution acceptée de part et d’autre du conflit israélo-palestinien qui permettrait à Israël de nouer de nouveaux partenariats dans la région.
Ces évolutions souhaitées et souhaitables sont étroitement interdépendantes: la restauration des relations avec les États-Unis, l’établissement de nouvelles alliances régionales et le rétablissement du statut international d’Israël sont fonction de la politique qu’Israël conduira s’agissant de ce qui reste essentiel, pour lui mais pas uniquement: la question de «deux peuples / deux États».
L’accord avec l’Iran ouvre de nouvelles opportunités. Il convient de lui donner sa chance et, en pleine vigilance, de s’en saisir.