ELIZABETH GARREAULT : « Tenir des élections maintenant permettra au peuple d’Israël de retrouver confiance dans son gouvernement ».

 

Dans le cadre de Chroniques pour la Paix, émission parrainée par JCall et La Paix Maintenant sur Radio Shalom, Paul Ouzi MEYERSON s’entretient avec Elizabeth GARREAULT sur les manifestations qui ont régulièrement lieu en Israël tandis que la guerre se déroule à Gaza. Qui descend dans la rue et pourquoi ? Peut-on vraiment exprimer des revendications alors que se déroulent des combats sanglants et incertains?

 

Les valeurs démocratiques continuent d’animer la majorité du peuple d’Israël et ses institutions d’État. Pour preuve, les grandes manifestations qui se déroulent en ce moment à Jérusalem et à Tel-Aviv alors que, depuis 6 mois, une guerre terrible se poursuit contre les terroristes du Hamas et du Hezbollah. Malgré la souffrance des massacres du 7 octobre et le choc de la prise d’otages, des dizaines de milliers d’Israéliens sont encore capables d’exprimer leurs opinions dans la rue, sans revenir sur, l’année dernière, l’incroyable mobilisation du pays pendant des semaines contre le projet de réforme de la justice, alors que le gouvernement Netanyahu voulait limiter les libertés publiques dans le pays…

 

Elizabeth GARREAULT vit à Jérusalem où elle est engagée dans le combat social et politique depuis de nombreuses années. Elle y a été candidate aux élections municipales.

 

Mis en ligne le 6 mai 2024


https://radioshalom.fr/podcasts/les-chroniques-pour-la-paix-175/peut-on-manifester-pendant-la-guerre-2019


Elizabeth GARREAULT précise tout d’abord que le rassemblement le plus nombreux réclame la démission du gouvernement et la tenue d’élections anticipées. Ces manifestants ont été rejoints par une partie de ceux qui participaient au rassemblement de soutien aux otages mais ce ralliement ne fait pas l’unanimité parmi les familles des otages et leur soutien, certains considérant qu’il convient de faire « profil bas » par rapport au gouvernement. Une grande partie de ces manifestants sont ceux qui ont toujours manifesté, avant le 7 octobre, auxquels se sont ajoutés des soldats démobilisés confrontés à une situation économique catastrophique : faillite de leurs entreprises, pertes de revenus etc… Les réfugiés de l’intérieur éprouvent un sentiment d’abandon et sont aussi très impactés économiquement.

Politiquement parlant, aucun leader politique ne peut revendiquer la paternité de ces manifestations qui n’ont toujours pas l’ampleur de celles qui ont accompagné la lutte contre « le coup d’état judiciaire » mais qui sont loin cependant d’être négligeables : plus de 100 000 personnes. Yaïr Lapid, chef de l’opposition, prend la parole, parmi d’autres orateurs. On a noté la présence dans le public du chef de la Histadrout.

En réponse à une question, Elizabeth GARREAULT indique qu’il n’est pas surprenant que les gens manifestent. Après le 7 octobre, ils ont été dans un premier temps tétanisés et le peuple a été « raisonnable ». Mais six mois ont passé et les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le gouvernement n’a pas de vision. Les slogans creux prennent la place des projets. « Une guerre, précise-t-elle, il faut savoir la commencer mais aussi l’arrêter ».

A la question de savoir si un autre gouvernement aurait une autre politique, elle insiste sur le fait que « les incompétents doivent partir« . Les relations avec les USA se dégradent alors qu’elles sont essentielles. Un autre gouvernement serait plus présentable et susceptible de pouvoir instaurer une relation plus confiante avec les alliés du pays.

A une question portant sur la possibilité de tenir des élections en temps de guerre, elle précise qu’il n’est pas question de mettre en danger les combattants qui sont « nos fils ». Les élections n’auront pas lieu dans l’immédiat. Lors de la guerre du Liban, celle de Kippour, les responsables sont partis. Ils ont assumé leurs responsabilités. Netanyahu ne reconnaît rien. Accroché au pouvoir « comme une moule à son rocher« , il refuse de reconnaître sa responsabilité à la différence de l’establishment sécuritaire. Il y a eu récemment des élections municipales. Elle se sont déroulées normalement sans entraver l’effort de guerre. Le cabinet de guerre continuera de fonctionner pendant la période intermédiaire puis adviendrait un gouvernement qui aurait ainsi une confiance populaire renouvelée.