Des femmes arabes et juives, religieuses et laïques se sont unies pour changer l’état d’esprit national voulant qu’il n’y ait « ni choix ni partenaire ».


Quelques 3 000 femmes se sont rassemblées mercredi dernier à Jérusalem devant la Knesseth – au Jardin des Roses – pour faire pression en faveur de la paix et protester contre l’allocution du Premier ministre Benjamin Nétanyahou devant le Congrès des États-Unis.

L’événement était organisé par Les Femmes œuvrent pour la Paix, un mouvement nouveau créé l’été dernier à la suite de Bordure de Défense à Gaza. L’association comprend des femmes juives et arabes, religieuses et laïques.

« Israel est bloqué dans un soliloque stérile avec lui-même disant qu’il n’est ni choix ni partenaire », a déclaré Irit Keynan, professeur au collège Or Yehuda, responsable des cursus pédagogiques et à la tête de l’Institut de responsabilité civique. « Ceux des hommes et femmes politiques qui ne veulent pas la paix s’accrochent à de vains prétextes et agitent le spectre des effrayants traumatismes du peuple juif. »

« Pendant ce temps, a-t-elle dit, ceux qui désirent la paix ont peur de le dire à voix haute, et rivalisent à qui affichera la position la plus dure. Le résultat est qu’une situation distordue est apparue, dans laquelle le patriotisme s’identifie aux propos belliqueux, tandis que le mot “paix” est devenu péjoratif. Nous en sommes arrivés au point où des gens ont conseillé au mouvement de changer de nom. »

« Sans accord négocié avec nos voisins palestiniens, sans la fin du conflit, l’idéal sioniste est voué à l’échec, a-t-elle ajouté, et avec lui toutes les merveilleuses réalisations qui se sont faites ici en 67 années d’existence d’Israël. »

L’ex-députée Yaël Dayan s’est également adressée aux manifestantes, de même que Yaël Admi, du Forum israélo-palestinien des Familles endeuillées, et d’autres personnalités arabes et juives.

Michal Keidar, la veuve de Dolev Keidar, tué au cours de l’opération Bordure de protection, a fait parvenir un message depuis les États-Unis :

« J’ai essayé de me détacher de ce qui se passait dans ce pays. J’ai vraiment essayé, écrivit-elle. Je pensais que le seul privilège qui m’avait été donné le 21 juillet était l’indifférence vis-à-vis de la situation économique, après des années d’exaspération et de douleur face au racisme, aux guerres et à l’absence d’espoir qui se répandent ici », exposa-t-elle, faisant référence à la date de la mort de son époux.

« La folie de ce pays m’a fait perdre le seul homme que j’ai aimé. J’ai perdu le seul homme que j’ai aimé dans les égarements de ce pays, dit-elle. Puis les élections sont arrivées, et j’ai réalisé que même ce privilège ne m’appartenait pas. »

« Elle avait pris conscience, nota-t-elle, qu’il lui importait qu’il n’y ait plus de morts, et que le pays connaisse l’espoir. »

« Dolev a donné sa vie pour ce pays, dit-elle encore. Le moins que j’attend de vous est de vous asseoir et de réfléchir à qui a le plus de chances de nous donner l’espoir d’une vie tranquille, normale, et d’aller voter. »