Tom Friedman écrivait dans The New York Times : « Nombre de dirigeants juifs américains aimeraient que Biden propose un tel plan, mais jusqu’à présent, un seul d’entre eux, Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial, a eu le courage d’en lancer le projet – et dans un journal d’Arabie saoudite, excusez du peu!, avec un essai intitulé : ‘‘Un temps pour la paix et la solution à deux États ». Comme il l’expliquait, « Seule la solution à deux États garantirait aux Israéliens et aux Palestiniens une vie dans la dignité, la sécurité, et la perspective d’une amélioration de la situation économique, qui mènerait vers un avenir durable. »–
Auteur : Ronald S. Lauder, The Washington Post, 7 Novembre 2023
Traduction : Bernard Bohbot pour LPM
https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/11/07/israel-peace-proposal-war-gaza/
Mis en ligne le 21 décembre 2023
Il est évidemment difficile de parler de paix en temps de guerre. La tension bat son plein et un sentiment compréhensible de douleur et d’indignation s’est emparé des esprits les plus sains, à telle enseigne que certains ne pensent qu’à la vengeance. Or, au final, une initiative de paix est le seul moyen d’assurer la sécurité d’Israël.
Israël devrait s’engager, une fois la guerre terminée, à mettre fin au conflit israélo-palestinien par le biais d’une solution à deux États. Pour lancer immédiatement ce processus, les Israéliens devraient tendre la main à Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, et lui proposer de reprendre les négociations en vue d’un accord intérimaire, voire final. De plus, Israël devrait lancer une invitation au prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, au président égyptien Abdel Fatah El-Sisi ainsi qu’au roi Abdallah II de Jordanie, afin qu’ils parrainent ce futur processus diplomatique. Il faudra faire appel également aux principaux États du Golfe pour superviser la reconstruction de Gaza après la guerre. Les Israéliens devraient aussi demander à la communauté internationale de commencer à mettre en place un nouveau plan Marshall qui créera une nouvelle réalité au Moyen-Orient, qui le rendra plus pacifique et plus prospère également, au cours des prochaines années.
Israël ne doit pas tomber dans le piège tendu par l’Iran, le Hamas et le Hezbollah. Il ne doit pas mener une campagne qui déclencherait un conflit régional. Comme État juif et démocratique, Israël ne doit pas perpétuer le mépris de ses ennemis pour la vie humaine. Il lui faut conserver sa position morale, sauvegarder sa légitimité internationale et conserver le soutien de la majorité des Américains. Il est impératif qu’Israël affirme clairement qu’il s’agit d’une guerre contre le Hamas, et non les Palestiniens. Il faut réitérer que cette guerre est celle des valeurs occidentales, et non pour acquérir un territoire; une guerre dont l’objectif premier est la paix.
Israël doit également faire à une autre mission: faire face aux tactiques de plus en plus sophistiquées de l’Iran et de ses vassaux. Cette tâche requiert les ressources combinées d’Israël, des États-Unis, de l’Europe et d’autres pays qui partagent le même objectif. Un engagement militaire aussi long, complexe et difficile ne peut que reposer sur de solides bases morales. Il est impératif qu’Israël prenne la tête du processus de paix et forge une large coalition internationale similaire à celle qui fut mise en place par George H. W. Bush et James Baker à la veille de la guerre du Golfe. La coalition mise en place par le président Biden en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie est un autre exemple pertinent.
Une initiative de paix est essentielle à la mise en place de solides partenariats diplomatiques, qui sous-tendront la guerre contre le Hamas. La présentation d’un horizon diplomatique positif permettra de clarifier ce pour quoi Israël se bat et pourquoi les États-Unis et leurs alliés le soutiennent.
L’attaque monstrueuse du Hamas contre les paisibles kibboutzim du sud d’Israël le mois dernier est incompréhensible et indéfendable. Cet attentat n’est pas seulement un autre attentat antisémite visant Israël, mais aussi une attaque tyrannique et brutale, commise par des ennemis de la liberté. Cet attentat est le fruit du fanatisme contre la raison. Cet attentat vise les valeurs fondamentales et le mode de vie des sociétés démocratiques. Malheureusement, nombreux sont ceux qui ne reconnaissent pas cette vérité pourtant simple, mais difficile à entendre.
Une initiative de paix en temps de guerre ouvrira les yeux de nos partenaires. Elle aidera Israël à gagner les cœurs et les esprits, afin de permettre à toutes les démocraties du monde de se situer du bon côté de l’histoire. Elle assurera ainsi à Israël une victoire décisive contre le fondamentalisme antidémocratique du Hamas. Et, surtout, elle ouvrira la voie à un avenir plus sûr pour le Moyen-Orient. Le jugement de l’histoire sera sans pitié si, à ce moment critique, nous n’offrons pas un horizon, celui de l’espoir et de la paix malgré la tragédie de la guerre.