En face, l’autre partie a clairement exprimé sa position : “Oui à une solution à deux États.” Mais le gouvernement israélien a répondu par une mesure qui châtie avant tout Israël lui-même.
Le gouvernement israélien a décidé en fin de semaine de construire 3 000 unités de logement à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, et de réactiver le processus de planification et de construction dans la zone E1, située entre Jérusalem et Maaleh Adoumim. Telle est la réaction du gouvernement à la décision de l’Assemblée générale des Nations unies de reconnaître la Palestine en tant qu’État observateur non-membre ; c’est ainsi qu’il a choisi de punir les Palestiniens et le monde.
Lequel a exprimé sa position de façon claire et précise : “Oui à une solution à deux États.” Mais le gouvernement israélien a répondu par une mesure qui châtie avant tout Israël lui-même. Le seul aspect positif de cette décision est qu’il a ainsi admis le caractère punitif des implantations.
Il s’agit là d’une décision grave et grosse de dangers. Au lieu d’admettre le fait qu’une écrasante majorité de nations ne supporte plus l’occupation israélienne et veut un État palestinien, Israël s’enferme davantage encore dans son propre refus, accentuant son isolement et se coupant de la réalité internationale. Au lieu de tirer les leçons qui s’imposent de son saisissant échec, le gouvernement entraîne Israël vers de nouvelles défaites diplomatiques. Et au lieu d’entamer une négociation franche et sincère avec ce nouvel État observateur, Israël lui tourne le dos, ainsi qu’au monde.
La décision gouvernementale jette la dernière pelletée de terre sur le cercueil du discours de Benjamin Netanyahu à Bar-Ilan [1]. C’est la preuve indiscutable que ce discours, où il acceptait ostensiblement le principe de deux États, n’était que pur mensonge. Le plus stupéfiant étant la violation de l’engagement pris envers les États-Unis de ne pas construire en zone E1 – ce qui exclurait par avance la constitution en Cisjordanie d’un État palestinien doté de continuité territoriale [2]. Alors même que les États-Unis demeurent quasi seuls à soutenir Israël à l’Onu, Israël les remercie d’une gifle retentissante.
Cette annonce revient en outre à cracher au visage d’une autre amie véritable, la chancelière allemande Angela Merkel, qui a justifié l’abstention de l’Allemagne lors du vote aux Nations unies par le refus d’Israël de cesser de construire dans les territoires occupés. Ainsi, avant même les prochaines élections où le tandem Likoud-Beïtenou [3] présente une liste résolument ultra droitière, Netanyahu marque-t-il déjà ce vers quoi il tend : la radicalisation, l’isolement diplomatique, la mise au ban et la condamnation internationale.
Le monde – y compris cette fois les États-Unis – ne peut laisser passer sans mot dire l’arrogante réponse d’Israël. La décision du gouvernement risque précisément d’éperonner ceux qui veulent porter le débat sur les implantations devant la cour internationale de justice de la Haye – un “châtiment” en représailles de celui initialement exercé par Israël.
Et la prochaine fois qu’Israël aura besoin de l’aide du monde, sur la question iranienne ou n’importe quelle autre, cette décision ne manquera pas de lui être rappelée.
NOTES
[1] Discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu au Centre Begin-Sadate de l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv le 14 juin 2009, deux mois et demi après sa prise de fonctions.
2] Voir à ce propos notre traduction de l’article d’Aluf Benn, “La nouvelle frontière d’Israël” : [
[3] Alliance électorale conclue en octobre dernier entre le Likoud de Benjamin Netanyahu et le parti d’Avigdor Lieberman, Yisrael Beïtenu (Israël est notre Maison). Voir notre traduction de l’article d’Akiva Eldar, “Un pas de deux dans le néant” :
[->https://www.lapaixmaintenant.org/Un-pas-de-deux-dans-le-neant]