Le 4 novembre dernier, date éminemment symbolique puisque c’est celle de l’assassinat d’I. Rabin, les autorités israéliennes célébraient l’anniversaire à leur façon, en lançant l’offensive contre la radio All for Peace / Kol ha-Shalom / South el-Salam – radio bicéphale émettant en arabe et en hébreu, sans compter l’anglais et le russe, dirigée par un rédacteur en chef israélien et une rédactrice en chef palestinienne [1] depuis ses bureaux de Jérusalem et son émetteur de Ramallah. On pourrait continuer ainsi sans fin à inventorier les exemples de coopération dans le travail et de coexistence israélo-palestinienne (mettez les termes dans l’ordre qui vous chante) au sein de Kol ha-Shalom / South el-Salam qui, à travers ce dialogue permanent, se bat pour une meilleure compréhension et in fine pour la paix.

Mais, depuis la mi-novembre et sous menace d’emprisonnement pour son rédacteur en chef israélien, nul n’a plus à choisir l’ordre des termes, South el-Salam seule étant encore à même de diffuser ses programmes depuis Ramallah et en langue arabe, bien entendu.

Le prétexte de cette interdiction de diffuser est le défaut de demande d’autorisation préalable – à ceci près que Kol ha-Shalom émettant depuis Ramallah n’est pas censée dépendre des autorités israéliennes, mais des autorités palestiniennes de radio-diffusion. On n’imagine pas Israël exigeant de la BBC qu’elle soit soumise à autorisation israélienne pour arroser le territoire du pays d’ondes radio, probablement depuis un satellite… Pour ne pas parler de Radio Amman, dont les matinées centrées sur le répertoire de Fairuz étaient à une époque quotidiennement suivies par un très large public en Israël… Aussi Kol ha-Shalom a-t-elle fait appel à la Cour suprême, qui devait tenir sur ce sujet une audience hier jeudi 15, et rendre son verdict d’ici un mois.

Entre temps la radio ne peut toujours pas réémettre. Certes son site Internet a connu des pics de fréquentation, mais depuis l’interruption forcée des émissions à la mi-novembre les recettes publicitaires de la radio se sont asséchées et l’on ne peut qu’espérer que la station sera encore à même de fonctionner si la reprise était rendue possible par un arrêt de la Cour suprême, à la mi-décembre dans le meilleur des cas.

Aussi La Paix Maintenant vient-elle de s’engager à envoyer des fonds pour soutenir la radio pendant cette période cruciale. Vous le voyez, outre des frais de fonctionnement minimes – puisque nous sommes tous bénévoles – nous continuons à faire usage de vos cotisations et de vos dons pour aider ceux qui luttent en Israël pour la paix, via une solution à deux États qu’ils mettent parfois en pratique avant même qu’elle ne soit institutionnalisée. C’est le cas, parmi quelques autres associations, de Kol ha-Shalom / South el-Salam, que les autorités s’acharnent à abattre.

Par vos contributions, vous pouvez nous aider à résister à l’arsenal législatif, juridique et pénal qui se met en place à travers ce que nous avons qualifié d’« engrenage anti-démocratique » (retrouvez sous ce mot-clef les divers articles que nous avons publié à ce sujet sur notre site).


NOTES

1] Mossi Raz et Maysa Baransi-Siniora. Pour en savoir plus, voir sur notre site l’article “L’État a mis fin à la diffusion ….” , en ligne depuis le 21 novembre 2011 : [