Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
voir également le blog de David Chemla :
Comme Pierre Shon nous le rappelle dans ce même numéro [], l’Europe a un rôle clé à jouer dans l’avancement d’une paix israélo-palestinienne, rôle que les Etats-Unis ne peuvent pas assumer. Et je suis d’accord avec lui pour dire que l’administration Obama a besoin de l’Europe pour faire avancer le processus et que l’Europe ne peut plus rester simple témoin des événements en attendant les instructions de Washington.
En août de l’année dernière, le gouvernement de l’Autorité palestinienne a lancé son plan destiné à bâtir les institutions de l’Etat palestinien et d’en finir avec l’occupation israélienne de la Palestine. Ce plan biennal a également pour but de développer un état de droit transparent et responsable de ses actes, afin d’assurer la sécurité et le développement économique aussi bien qu’asseoir la souveraineté palestinienne sur les territoires occupés. Il est mené par Salam Fayyad, l’homme nommé premier ministre par le président Mahmoud Abbas, agissant en tant que chef de l’Autorité palestinienne.
Le gouvernement Fayyad, composé de technocrates, s’est déjà presque entièrement débarrassé de toute forme de corruption, si prégnante pendant l’ère d’Arafat. L’Autorité palestinienne en Cisjordanie a également réussi à se débarrasser de presque toutes les formes de terrorisme et des infrastructures sur lesquelles il s’appuyait. Le Hamas et autres institutions radicales ont été interdits, et quelque 800 membres de l’appareil du Hamas se trouvent aujourd’hui dans des prisons palestiniennes. Le système judiciaire fonctionne, les tribunaux ont examiné 67% de cas de plus que l’année précédente. La police nouvellement entraînée patrouille dans les principales villes de Cisjordanie, et les citoyens y jouissent d’un bien plus grand sentiment de sécurité. Les institutions gouvernementales ont été réformées et peuvent maintenant offrir des services publics efficaces. En outre, l’économie cisjordanienne est en pleine croissance, même si, pour le moment, les investissements se font surtout dans des secteurs non productifs comme le commerce ou l’immobilier.
Mais lorsque le plan biennal de Fayyad sera achevé, restera toujours la question : comment en finir avec l’occupation ? Des organisations palestiniennes de terrain ont commencé à entreprendre des confrontations directes avec les Israéliens dans une dizaine de points bien déterminés. Pour l’instant, ces confrontations sont demeurées sans armes du côté palestinien. Les forces israéliennes d’occupation réagissent souvent par la violence pour disperser les foules, mais la résolution des Palestiniens à poursuivre cette nouvelle « Intifada blanche » [Cf. [« L’intifada blanche de Salam Fayyad » ]] paraît tout à fait claire.
L’Autorité palestinienne a commencé à coordonner et même à prendre la tête d’autres actions de défiance contre l’occupation, et ces actes de désobéissance civile contre l’occupation signifient que la communauté internationale va devoir prendre position, l’Union européenne étant probablement appelée à occuper une position à la tête du processus. Les pays européens devront décider des outils diplomatiques qu’ils pourront utiliser pour rendre possibles l’existence de l’Etat palestinien et la fin de l’occupation par Israël. L’Union européenne usera-t-elle de sa puissance économique comme d’un moyen de persuasion ou de rétorsion ? (..;)
Quand, en novembre 1988, Yasser Arafat a déclaré l’indépendance de l’Etat palestinien, 105 pays l’ont reconnue, mais aucun en Europe. Alors, que fera l’Union européenne à la fin de 2011, quand le plan Fayyad sera achevé ? La reconnaissance de l’Etat palestinien sera-t-elle encore retardée ?
Une déclaration de l’UE reconnaissant l’Etat palestinien pourrait préciser que les frontières de la Palestine seront déterminées après des négociations avec Israël, mais fondées sur les lignes d’armistice de 1949 (ligne Verte) avec échanges de territoires mutuellement acceptés qui laisseraient la Palestine en possession de 22% des terres entre le Jourdain et la Méditerranée.
Jérusalem serait la capitale des deux Etats, en une formule qui permettrait à chacun de disposer de la souveraineté sur son propre peuple. Les lieux saints et la Vieille Ville seraient placés sous régime international, ou bien une formule négociée en assurerait une administration à la fois efficace et pacifique.