Mercredi la Knesset a voté un amendement rendant obligatoire
l’organisation d’un référendum pour tout retrait à venir de territoires
occupés, que ce soit en Cisjordanie ou sur le Golan. Ce projet de loi,
déjà passé en première lecture à la Knesset précédente, a été confirmé par
le vote de 66 députés contre 22. Ce vote est actuellement inopérant tant
qu’une loi ne définit pas les modalités d’organisation d’un référendum qui
n’existe pas dans la législation israélienne. Barak a appelé à voter pour
cet amendement, bien que s’y opposant, parce que ce vote a été présenté
par le Meretz comme un vote de défiance à l’égard du gouvernement auquel
il participe. Mais le parti travailliste ne l’a pas suivi et la moitié de
ses députés ont voté contre, ainsi que beaucoup de députés de Kadima,
parce qu’un tel amendement, s’il devait être appliqué, lierait les mains
de tout gouvernement qui voudrait signer un accord de paix. En attendant,
rien ne bouge sur la scène des négociations avec la Syrie. Il y a quelques
jours Netanyahu, de retour de Paris, annonçait qu’Assad avait déclaré à
Sarkozy que la Syrie ne mettait plus de conditions préalables à la reprise
de ces négociations. Il ajoutait que, dans ce cas, la France pouvait mieux
que la Turquie, compte tenu des positions de cette dernière suite à la
guerre de Gaza, servir d’intermédiaire. Mais le lendemain les Syriens
démentaient cette déclaration. Ces gesticulations font l’effet du « déjà
vu », alors que parallèlement en Cisjordanie, le gouvernement rencontre
une forte mobilisation des colons contre l’application de sa décision de
geler la colonisation.
[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/1133517.html]
Traduction : Yoël Amar pour La Paix Maintenant
La désormais rituelle « danse des négociations » bat son plein : La Syrie
d’abord, Non, les Palestiniens d’abord. Les futurs doctorants en histoire
qui s’intéresseront aux contacts entre Israël, la Syrie et les
Palestiniens depuis le début des années 90 vont découvrir un incroyable
phénomène cyclique : Que les discussions avec les Palestiniens tombent au
point mort ou connaissent un progrès importants, et les Israéliens
commencent à parler des négociations avec la Syrie. Et vice versa.
Le point commun entre ces deux processus de paix, c’est qu’aucun n’a connu
de réel progrès. Les raisons en sont multiples et variées, mais il est
indéniable qu’Israël porte la plus grande responsabilité. Les
gouvernements Barak, Sharon et Netanyahu ont semble-t-il préféré faire de
l’esbroufe à propos de la paix plutôt que de la faire. Le gouvernement
Olmert-Livni semble avoir été le seul à avoir fait des avancées vers un
accord, le tout en coulisse par l’entremise de la Turquie.
Faire de la gesticulation à propos des négociations de paix a beaucoup
d’avantages. Psychologiquement, cela donne aux dirigeants israéliens –
mais aussi à certains citoyens – l’impression qu’Israël souhaite
réellement la paix, tandis que le camp opposé ne fait que de la palabre.
Politiquement, cela ne coûte rien. Il n’y a rien de nouveau dans le fait
que l’arène politique syrienne est plus disposée à négocier. Les Syriens
ne sont pas divisés comme le sont les Palestiniens, il y a, semble-t-il,
un « partenaire pour la paix », et les problèmes et les solutions pour y
parvenir sont connus. Certaines font déjà consensus. Alors pourquoi les
négociations avec la Syrie ont-elles été mises de coté ? La réponse est à
trouver dans l’inaptitude des premiers ministres israéliens à prendre une
décision claire concernant le retrait du plateau du Golan.
Tous craignent le contrecoup électoral d’un tel événement du fait de
l’importance du plateau du Golan pour l’opinion publique israélienne.
Contrairement à la Judée-Samarie, les questions idéologiques ne sont pas
en cause, et différents prétextes sont avancés pour ne pas négocier avec
Bashar Assad : son gouvernement finance le terrorisme, c’est un allié de
l’Iran du Hezbollah et du Hamas, la seule chose qu’il souhaite est de
pouvoir tremper ses pieds dans le lac de Tibériade etc.
Sans minimiser l’importance de ces questions, il faut cependant souligner
que si les positions du président égyptien Sadate avait été scrutées de
cette manière, il n’y aurait pas eu d’accord de paix avec l’Egypte. Car
ses premières exigences incluaient non seulement le retrait de l’ensemble
des territoires égyptiens occupés en 1967, mais aussi une solution au
problème palestinien. Cette dernière demande rendait les négociations si
difficiles que Sadate fit marche arrière.
Le précédent égyptien nous enseigne beaucoup de choses sur des
négociations avec la Syrie : d’abord, Israël ne recevra pas par avance des
concessions qui pourrait servir de monnaie d’échange durant les
négociations. Même si la Syrie n’est pas formellement prête à rompre ses
liens avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, une véritable percée
diplomatique avec elle enfoncerait un coin dans cet axe, avec un effet
significatif sur les rapports de force dans la région. De plus, une
posture initiale « dure » dans les négociations ne présage rien du
résultat final. Notons d’ailleurs que la position syrienne, contrairement
à celle des égyptiens en 1977, n’exige pas une résolution de la question
palestinienne.
Les hommes politiques en Israël ne jurent que par l’importance d’une paix
avec la Syrie, mais ils ne sont pas prêts à en payer le prix. Au lieu de
cela, ils posent des conditions aux négociations.
La position d’Israël au Moyen-Orient est difficile. En plus de menaces
régionales bien connues, nous assistons à un éloignement de la Turquie
tandis que les régimes égyptiens et jordaniens font face à une opinion
publique hostile aux accords de paix signés avec Israël. Nous avons besoin
de politiques plus actives et efficaces de la part de nos décideurs,
autant qu’une coopération avec les acteurs modérés de la région. La Syrie,
contrairement à la situation palestinienne, offre une abondance
d’opportunités pour des hommes d’Etat audacieux et créatifs, mais c’est
bien cela qui manque.