Ha’aretz, 2 novembre 2009

[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/1125267.html]

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Par ses aveux, qui l’impliquent dans deux meurtres et 10 autres actes de terrorisme, Yaakov (Jack) Teitel doit être considéré comme l’un des terroristes les plus dangereux ayant jamais opéré en Israël et dans les territoires occupés. Teitel est l’homologue juif de « l’ingénieur », Yahya Ayyash, l’expert ès bombes du Hamas, avec une différence fondamentale : les cibles de Ayyash étaient toutes juives, alors que Teitel opérait contre tous, Israéliens et Palestiniens, homosexuels et policiers. Ses actes se sont prolongés pendant une dizaine d’années avant sa capture par le Shin Bet et la police, qui l’ont empêché de commettre d’autres actes terroristes.

Sa capture et les aveux qui ont suivi marquent un succès pour les services de sécurité, mais ces succès sont assombris par un prolongé : celui de pas avoir réussi à identifier Teitel comme l’homme responsable d’une série d’actes à la limite entre criminalité et atteintes à la sécurité nationale. Teitel a trouvé et exploité des failles inquiétantes dans le mur défensif israélien censé le protéger de la contrebande d’armes. Sur une ligne aérienne britannique, il a introduit un pistolet démonté. Dans un container chargé sur un bateau, il a importé un stock d’armes suffisant pour équiper un commando tout entier.

Même quand il a éveillé les soupçons et a été arrêté, il a profité de la tendance de la société israélienne à favoriser les droits du suspect – du moment qu’il n’est pas palestinien – plutôt que le devoir de la société de se défendre contre ses ennemis. En l’absence de preuves suffisantes pour l’inculper, Teitel a non seulement été remis en liberté, bénéficiant ainsi de la permission de perpétrer d’autres actes de terrorisme, mais on lui a accordé un permis de port d’armes. Pour ne pas laisser derrière lui des preuves qui l’auraient incriminé, il n’a pas utilisé ce permis lors de ses attentats. Néanmoins, la faille structurelle révélée par ce système doit absolument être corrigée.

Teitel diffère des terroristes juifs qui l’ont précédé en ce qu’il ne faisait pas la différence entre ses cibles palestiniennes et les Israéliens dont les idées politiques étaient opposées aux siennes, comme le professeur Ze’ev Sternhell. Il ne faisait pas non plus la différence entre ses victimes de la communauté gay et la police chargée de les protéger. Sa longue période d’activité indique que Teitel n’a pas été nécessairement influencé par les invectives de personnalités religieuses contre ceux qu’ils qualifient de « Sodomites ». Davantage que soumis à leur influence, il semble qu’il ait voulu exercer son influence propre, par ses actes et pas les affiches qu’il a collées.

Le terrorisme du genre de celui de Teitel reflète une haine sans limites entre populations entières, qu’il faudra des générations pour éradiquer. Mais il y a déjà des leçons à tirer de son cas. La collecte de renseignements et l’application de la loi contre les éléments extrémistes dans les colonies doivent être accélérés, et il faudra enquêter bien davantage sur les attentats à l’encontre de Palestiniens.