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Ha’aretz, 19 août 2009
Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Le premier ministre Benjamin Netanyahou a convoqué hier Moshe Ya’alon,
ministre des affaires stratégiques, après sa récente attaque contre
l’organisation de gauche La Paix Maintenant, qu’il a qualifiée de « virus ».
Ya’alon, également vice-premier ministre, avait fait ce commentaire lors
d’un meeting des dirigeants du parti d’extrême droite Mouvement de la
Direction juive (ex-Front national), plus tôt dans la semaine.
Les déclarations de Ya’alon, rapportées hier soir par la chaîne 2 de TV, ont
apparemment mis Netanyahou mal à l’aise, lui qui, pendant la campagne
électorale, avait fait des efforts au sein du Likoud pour marginaliser ce
parti, dirigé par Moshe Feiglin.
Selon les commentaires d’un membre important du Likoud, qui pendant la
campagne de Netanyahou s’était enorgueilli de l’acquisition par le Likoud de
Moshe Ya’alon, ancien chef d’état-major, le parti est lui aussi dans
l’embarras. Il qualifie la relation politique entre Ya’alon et « les
Feiglins » dangereuse et étrange.
Un autre membre important du Likoud dit : [« Ya’alon se révèle être un
extrémiste qui ne comprend que les déclarations d’un ministre important du
gouvernement nuisent au premier ministre, au Likoud et à Israël »].
Quand Netanyahou, en vacances en Israël, a été informé des propos de
Ya’alon, il a dit des proches que cela était « très grave » et décidé de
convoquer son vice-premier ministre pour clarifications.
Ya’alon, qui se considère comme candidat pour diriger le Likoud, était
invité d’honneur à un meeting du parti Mouvement de la Direction juive à
Jérusalem. Il s’est lancé dans une diatribe contre la gauche, les médias et
les Américains.
Pour [« sauver le pays »], a dit Ya’alon, [« nous devons nous occuper du virus
que constitue Shalom Akhshav et, si vous préférez, des élites qui font le
plus grand mal. Je pense que les Juifs devraient pouvoir vivre partout en
terre d’Israël, pour toujours. »] Il a ajouté : [« En tant que chef
d’état-major, j’ai souvent dit huis clos que les politiciens nous apportent
la colombe de la paix et que l’armée doit passer derrière pour nettoyer. »]
Ya’alon toujours : « Les médias et la gauche ont du pouvoir, ou de
l’influence si vous voulez, sur Netanyahou. Malheureusement, les médias en
général et d’autres acteurs – appelons-les les élites – ont un impact sur le
discours public d’une façon distordue. Ils mentent, manipulent et trompent
leur monde. » A la question de savoir pourquoi nous avions peur des
Américains, Ya’alon, très applaudi, a répondu : « Moi, je n’ai pas peur des
Américains. »
Ya’alon a encore dit que la situation en Israël était « non démocratique ».
Il remarque que « nous avons ici des foyers de pouvoir qui ne répondent pas
devant le peuple. » Poursuivant sa critique des médias : [« Les défis ne sont
pas simples, ni en eux-mêmes ni du fait de la confusion dont l’opinion
israélienne est nourrie depuis les 16 dernières années. En fait, depuis le
début du processus d’Oslo, i était clair que l’autre côté trichait. Depuis
le moment où Arafat a franchi le passage de Rafah [pour entrer en Palestine,
ndt], il trichait. »
Ya’alon a déroulé devant le Mouvement de la Direction juive ses vues sur le
terrorisme depuis le début du processus d’Oslo, et sur sa carrière (dont une
partie au renseignement). Selon lui, la décision d’encourager une dynamique
et une atmosphère de paix a mené à davantage de terrorisme. « Avec moi, pas
de terrorisme », a dit Ya’alon. Parlant de Yehiye Ayash, qui fabriquait des
bombes et avait été tué en 1996, il a dit : « Ils ont démenti son existence
jusqu’à ce que son téléphone portable lui explose à la figure. » Feiglin l’a
félicité après ses propos et lui a dit : « Si Dieu veut, nous ferons mieux. »
La tempête déclenchée par ses propos a laissé Ya’alon froid. Un communiqué
de son cabinet affirme : « Ya’alon a rencontré le Mouvement de la Direction
juive après plusieurs demandes de leur part et dans le cadre de ses
rencontres avec les militants du Likoud. Ils participants savaient que ce
serait filmé. » Le communiqué dit également que les positions de Ya’alon
sont bien connues et qu’il maintient toutes ses déclarations.
Ya’alon : « Il ne faut pas penser un instant que quand un gouvernement comme le nôtre est élu, le combat idéologique interne est terminé. » Selon lui, le gouvernement a réexaminé ses positions sur les situations palestinienne et iranienne. Il tient bon face aux pressions américaines, et a provoqué une modification de leurs positions [des Américains].
Il a encore déclaré qu’on travaillait en coulisses et qu’il espérait que « très bientôt, une politique sera présentée, dont je partagerai les options. »
Passant à l’anglais pour décrire le paysage politique israélien, il a dit :
« It’s not right or left, it’s right or wrong », rappelant que Yariv
Oppenheimer, secrétaire général de Shalom Akhshav, avait qualifié ses
déclarations de « dangereuses », et de « menace stratégiques pour la
démocratie. »
Du côté travailliste, son président, le ministre de la défense Ehud Barak, a
déclaré que Shalom Akhshav constituait une partie importante du camp de la paix et qu’il faisait partie intégrante du débat public en Israël.
Des sources au parti Kadima ont appelé Ya’alon « le vrai visage de
Netanyahou ».