Ha’aretz, 23 mai 2009
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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Depuis l’annexion de Jérusalem à l’Etat d’Israël, le Jour de Jérusalem,
qu’on célèbre aujourd’hui, s’est transformé en un festival de slogans creux,
tel « la capitale unifiée d’Israël pour l’éternité ».
D’année en année, le fossé entre les mots fleuris des politiciens et la
triste réalité de la ville divisée s’élargit. Les festivités passées, les
représentants de l’Etat soutiennent de nouveau la discrimination à l’égard
de la minorité palestinienne, qui constitue un tiers de la population de la
ville.
42 ans après qu’Israël a déclaré Jérusalem « réunifiée », il n’est pas
difficile de tracer une frontière évidente entre les deux peuples, forcés de
cohabiter sous un même toit national et municipal. Selon les chiffres de
l’Association pour l’égalité des droits civiques en Israël, deux tiers des
Palestiniens de la ville vivent en dessous du seuil de pauvreté, plus d’un
tiers de leurs terres ont été expropriées depuis 1967. En l’absence de plans
d’urbanisation approuvés, 160 000 d’entre eux habitent des maisons qui n’ont
pas fait l’objet de permis de construire et peuvent donc s’attendre à être
frappés par des décrets de démolition ou d’expulsion. Plusieurs dizaines de
milliers vivent sans système d’égouts digne de ce nom ou d’approvisionnement
régulier en eau. Les conditions sanitaires sont inférieures [à celles des
habitants juifs]. Il y a trop peu de travailleurs sociaux pour eux, et trop
de policiers des frontières. La moitié des enfants palestiniens en âge
d’être scolarisés n’ont pas de place dans le système éducatif de l’Etat, et
environ 9 000 d’entre eux ne bénéficient d’aucune sorte d’éducation.
Dans le même temps, le mur de séparation repousse les Palestiniens en dehors
des limites municipales. L’establishment israélien encourage les
organisations d’extrême droite qui établissent résidence dans les quartiers
arabes, sèment la discorde et provoquent l’expulsion de familles arabes de
leurs maisons.
Il n’est pas concevable qu’un accord de paix éventuel donne à Israël la
souveraineté totale sur les lieux saints musulmans. Sans un accord global
entre Israël et les Palestiniens, la communauté internationale ne
reconnaîtra jamais Jérusalem en tant que capitale d’Israël. Les pays
continueront à avoir leurs ambassades ailleurs.
A moins que le monde musulman ne devienne un partenaire dans la souveraineté
du Mont du Temple, il ne sert à rien de discuter de relations normales entre
Israël et ses voisins. Aujourd’hui, alors que le président Barack Obama
s’apprête à lancer son plan de paix, il serait sage que les dirigeants
israéliens troquent leurs slogans vides de sens contre des plans
pragmatiques visant à un accord logique et juste sur Jérusalem.