Ha’aretz, 7 août 2007
[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/890548.html]
Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
Plusieurs dizaines de soldats israéliens ont informé leurs supérieurs qu’après en avoir référé à leurs rabbins, ils refuseraient de participer à l’évacuation de familles juives qui s’étaient emparées de bâtiments au cœur de la ville de Hebron [Voir l’origine de cette affaire : [ ]].
Ces soldats n’étaient pas censés évacuer eux-mêmes les colons-envahisseurs, mais remplacer les officiers de la police des frontières qui devaient quitter leur poste en vue de cette évacuation. Certains de ces soldats ont annoncé explicitement leur intention de désobéir aux ordres, alors que d’autres ont pris prétexte de diverses douleurs ou maladies. Douze d’entre eux ont été renvoyés devant un tribunal militaire.
Mais cela ne suffit pas. Demain, il y aura d’autres évacuations, et d’autres refus. Il s’agit d’un test pour Ehoud Barak, ministre de la défense, et pour le chef d’état-major Gabi Ashkenazi. Ces derniers jours, Barak et Ashkenazi se sont prononcés à plusieurs reprises contre les exemptions de service militaire [Pour les étudiants des yeshivot (écoles talmudiques).]], mais le refus d’obéir aux ordres n’est pas moins dangereux. Le refus pour motifs politiques (et le fait de le présenter sous des atours religieux ne dissimule en rien son caractère politique) est un cancer dans le corps de Tsahal. Les autorités militaires doivent le combattre sans compromis. Un refus de droite n’est ni plus tolérable ni plus compréhensible qu’un refus de gauche [[Ce parallèle est discutable. Voir «Refuzniks de droite ou de gauche : il y a une différence» [ ]]. S’il existe une chance de parvenir à un compromis pacifique avec les Palestiniens, cela entraînera l’évacuation de colonies. Or, une armée qui émet un message de faiblesse envers ceux qui refusent d’obéir aux ordres ne pourra pas constituer un outil efficace et fiable aux mains de ceux qui l’enverront.
Cette organisation de refuzniks est une déclaration de sédition, et en tant que telle, elle doit être traitée avec toute la rigueur de la loi. L’armée doit annuler tous les accords passés avec les yeshivot dont les rabbins ne reconnaissent pas l’autorité de ses officiers. S’il est exact que des groupes extrémistes, dont certains depuis l’étranger, offrent des récompenses financières à ces refuzniks, ils poussent les soldats à commettre un délit. Ceux qui corrompent les refuzniks doivent être arrêtés et jugés.
Les fondateurs de l’Etat d’Israël avaient bien compris que l’armée devait avoir une chaîne de commandement unifiée, avec des officiers qui n’obéissent qu’au chef d’état-major, celui-ci n’obéissant qu’au gouvernement [[Cette partie de l’article se réfère au débat qui a eu lieu après la guerre de 1948, quand les groupes armés juifs indépendants (Irgoun, Lehi et Palmakh) ont été dissous par Ben Gourion d’une manière ou d’une autre.]]. Des groupes armés indépendants mèneront à la désintégration de Tsahal, et finiront par se combattre entre eux, comme dans l’Irak d’après l’invasion américaine.
Il y a deux ans, avant l’évacuation des colonies de Gaza et du nord de la Cisjordanie, le gouvernement et l’état-major avaient adopté une approche conciliante à l’égard des refuzniks de droite, des colons qui étaient demeurés illégalement dans les colonies et des manifestants anti-désengagement violents. Très récemment, des députés de la droite religieuse ont une fois de plus demandé que les jeunes qui s’en étaient pris alors aux soldats et aux policiers soient graciés et réintégrés dans l’armée. Mais il ne peut y avoir de place pour la compassion.
Israël fait face à plusieurs fronts militaires difficiles (Iran, Syrie, Hezbollah, Hamas) sur lesquels il n’a qu’un contrôle limité. Il ne peut pas se permettre l’existence d’un front intérieur, au sein de sa seule armée. Ce front, le front du refus, doit être démantelé sans délai. Si Ashkenazi, Barak et le gouvernement Olmert sont trop faibles pour le faire, alors ils ne doivent pas rester en poste, ne serait-ce qu’un jour de plus.