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Ha’aretz, 10 avril 2007
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
La nouvelle colonie à Hebron n’est pas un immeuble. Il s’agit de tout un quartier. Dans cet énorme édifice de 3.500 m2, acquis par les colons il y a quelques semaines pour 700.000 $, pas moins de 30 familles et 14 individus (soit plus que n’importe quelle colonie sauvage en Cisjordanie), se sont installés en grande pompe.
Cet énorme bâtiment surplombe la route Kiryat Arba – Hebron. Cette occupation a constitué une manifestation, un show, pour célébrer le 40ème anniversaire de l’occupation de la ville. Les Juifs de Hebron, s’ils ne sont que quelques centaines dans une ville de plus de 100.000 Palestiniens, savent très bien fixer par eux-mêmes l’ordre du jour de l’occupation. Difficile d’oublier que Baroukh Goldstein, qui a tué plusieurs dizaines de fidèles [musulmans] dans le caveau des Patriarches, a lancé la vague des attentats suicides en Israël.
Le ministre de la défense a déjà annoncé son intention d’évacuer ces nouveaux colons, mais pour le moment, aucune date n’a été fixée, malgré la déclaration du vice-ministre de la défense selon laquelle ils seraient évacués dans les 15 jours [Voir [ ]]. Plus le temps passera, plus les colons se retrancheront, et il sera d’autant plus difficile de les évacuer. Amir Peretz n’ayant pas réussi à convaincre Olmert de soutenir l’évacuation d’autres colonies sauvages, on peut douter qu’il réussisse dans ce cas précis. Et personne ne sait mieux exploiter les hésitations au niveau officiel que les colons.
« Cette fois, nous avons décidé d’agir de façon légale », a dit Noam Arnon, porte-parole des colons juifs de Hebron, se référant à l’acte de propriété de l’immeuble, mais ces colonies sont illégales même si la transaction immobilière s’est effectuée correctement. Hebron est une terre palestinienne occupée, et toute colonie sur tout site occupé doit être approuvé par l’Administration civile. Or, aucune autorisation n’a été donnée, et heureusement, aucune ne le sera tant que Peretz restera ministre de la défense. Hebron n’est pas Jaffa, comme le prétendent les colons, car elle ne fait pas partie de l’Etat d’Israël. D’autre part, les colons juifs de Hebron sont citoyens israéliens, et en tant que tels, la police peut les évacuer.
L’expérience a appris aux colons que les gouvernements israéliens sont moins résilients que les habitants des colonies sauvages. S’ils arrivent à se maintenir jusqu’à la fin du mandat de Peretz, peut-être celui-ci sera remplacé par un autre, plus compréhensif, qui signera les autorisations nécessaires, aussi facilement que ses prédécesseurs ont envoyé des soldats pour protéger la nouvelle colonie.
Toutefois, l’été 2005 a créé une grosse brèche dans la confiance des colons, à cause de la facilité avec laquelle Ariel Sharon a évacué tous les colons du Goush Katif (bande de Gaza). Cette leçon, que les colons ont certainement retenue, doit aussi renforcer la détermination du gouvernement. Amir Peretz, qui pendant des années a soutenu l’évacuation des colonies, doit maintenant prouver que ses paroles et ses promesses tiennent toujours, et prendre au moins cette mesure minimale après n’avoir pas réussi à évacuer d’autres colonies sauvages. Tous les sondages, depuis des années, montrent que l’opinion publique soutient largement la réduction de l’entreprise de colonisation, qui est considérée comme l’obstacle principal aux accords de paix. Et cela est d’autant plus vrai quand il s’agit de colons extrémistes au coeur de Hebron.