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Bitterlemons, 18 décembre 2006
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
L’un des phénomènes les plus importants sur le plan de la politique palestinienne est le retour sur la scène de l’influence des puissances régionales.
Cette influence a été l’un des problèmes principaux de la politique palestinienne jusqu’au départ de l’OLP de Beyrouth et plus tard, son retour dans les territoires palestiniens. Depuis, cette influence avait peu à peu disparu pour faire place à une influence grandissante du public palestinien sur la politique des diverses factions.
Mais l’élection du Hamas, avec son programme islamiste et régional, a ouvert la porte à l’influence de pays comme la Syrie et l’Iran. Et ce développement, à son tour, va probablement rapprocher d’autres factions, en particulier le Fatah, d’autres pays rivaux comme l’Egypte, l’Arabie saoudite et leur allié, les Etats-Unis. En d’autres termes, des puissances rivales, régionales et internationales, ont fait leur réapparition dans la politique palestinienne.
La brusque montée, non seulement de l’ingérence rhétorique iranienne dans la cause palestinienne, mais aussi de son soutien financier au Hamas et à son gouvernement, sont la preuve de ce développement, nouveau et dangereux. La Syrie, soumise à une pression américaine grandissante, a à son tour trouvé dans ses relations et son influence sur le Hamas une autre carte à jouer à ajouter aux théâtres de l’Irak et du Liban pour tenter de se soustraire à ces pressions.
L’influence grandissante de la direction du Hamas à l’étranger, basé en Syrie et soutenue financièrement par l’Iran, a elle aussi compliqué le paysage politique palestinien et contribué à l’impasse dans lequel se trouve le dialogue national. Il est ironique et intéressant de constater que la principale réaction à l’initiative du président Mahmoud Abbas de convoquer des élections anticipées soit venue de Damas, où se sont rencontrées les factions d’opposition emmenées par le Hamas. Ce n’est qu’après que le premier ministre Ismail Haniyeh a rejeté l’initiative d’Abbas. Il est aussi intéressant de noter que le vice-premier ministre (Hamas) a réagi bien plus modérément à cette initiative.
De manière générale, les agendas régionaux, qui influencent partiellement les positions politiques et le comportement du Hamas, ont contribué à la montée des tensions et aux confrontations entre le Hamas et le Fatah.
La triste conclusion à tirer est que la cause et la politique palestiniennes ont été prises dans les filets de la polarisation régionale et internationale. Et cela aux dépens du véritable programme des Palestiniens et en contradiction avec les souhaits et l’intérêt du peuple palestinien.
L’idée d’organiser des élections anticipées, quelles que soient ses motivations, pourraient aider à rappeler à l’attention des hommes et des partis politiques palestiniens – religieux ou nationalistes – les priorités du public et réduire en conséquence l’influence de forces étrangères, régionales et internationales, pour en revenir aux priorités du peuple.
Mais il y a aussi des leçons à tirer pour les puissances internationales. Cette situation politique nouvelle et complexe constitue encore un exemple de l’interaction des différents conflits qui ont cours dans la région. Cette prise de conscience a fini par atteindre les centres du pouvoir à Washington, par l’intermédiaire du rapport Baker – Hamilton, qui encourage l’administration américaine à s’occuper plus sérieusement du conflit israélo-palestinien afin de neutraliser le processus de radicalisation dans le monde arabe.