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Yediot Aharonot, 20 août 2006
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
La guerre n’a rien de drôle, mais parfois, pour survivre, il faut avoir le sens de l’humour. Tout le monde ne l’a pas. Trop de gens sont consumés par la haine. Ils ne paraissent pas capables d’affronter les problèmes qui les entourent. Et la colère ne fait que contribuer au problème.
D’un autre côté, la plupart des gens normaux trouvent le temps de rire, même pendant les pires tragédies. Parce que l’humour est un puissant remède. Il peut reconstruire la foi, l’espoir et la force intérieure. La haine et la colère ne font que rendre le malheur encore plus malheureux.
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Survivre
Je sais que mes proches, à Jérusalem, Bethléem, Ramallah et Nazareth, ont tous le sens de l’humour, même si leur situation est terrible avec l’occupation qui continue sans qu’on en voie la fin.
Tous les jours, quelqu’un est tué, quelqu’un ne trouve pas de travail, quelqu’un est expulsé du pays, et un Israélien leur dit qu’ils n’existent pas et qu’ils n’ont aucun droit. Ils sont bouleversés, en colère, fous furieux. (…)
Mais à la fin de la journée, ils se réunissent, et ne parlent pas
seulement de leur situation tragique sous l’occupation israélienne. Ils se racontent des histoires drôles.
L’humour aide à nourrir l’âme. Il ne nourrit pas un homme qui a faim. Il n’éduque pas les enfants qui ne peuvent pas toiujours aller à l’école. Il ne ramènera pas les terres et les maisons qui ont été volées ou détruites. Il ne ramènera pas les amis ou les parents tués.
Mais il aide à survivre, un jour encore.
La revanche de l’humour
L’humour est aussi une manière subtile de faire un bras d’honneur aux fanatiques religieux qui tentent de contrôler nos vies déjà misérables. Les fascistes religieux ne veulent pas qu’on danse. Ils ne veulent pas qu’on chante. Ils ne veulent pas qu’on profite de la vie. Ils veulent nous voir, non seulement souffrir, mais adorer la souffrance. Et si on peut souffrir un peu plus que ce qu’on souffre déjà vraiment, plus facile sera leur contrôle sur nous.
Mais si vous rentrez chez vous le soir dans votre famille, si vous plaisantez et si vous tentez de faire sourire tout le monde, alors, vous aurez résisté à leur fanatisme.
Et cela ne vaut pas que pour les Arabes. J’imagine que beaucoup de Juifs ont la même expérience que les Palestiniens, peut-être d’une autre manière.
Regardons les choses en face : Israël n’est pas un rêve devenu réalité, ça, c’est sûr. Sauf si vous considérez que le fait de vivre dans le trou du cul du monde entouré de conflits – dont certains que vous avez vous-même créés – soit le paradis. Demandez à ceux qui habitent Haïfa, Juifs comme Arabes.
Je pense que la plupart des Israéliens voient probablement clair à travers la propagande et les mensonges qui poussent les deux côtés vers l’extrémisme. Tout comme les Palestiniens et les Arabes voient clair à travers leur propre propagande et leurs mensonges, je veux dire, regardons les faits en face, quand tous les journaux du monde arabe proclament qu’Israël « a perdu dans les grandes largeurs » face au Hezbollah, c’est davantage de la propagande qu’un fait.
Et nous rirons tous ensemble
Je parie que, même dans les pires moments, les Israéliens peuvent eux aussi se réunir et partager un éclat de rire. L’humour est un puissant levier, quel que soit la façon dont vous êtes constitué. Le rire est une manière individuelle de s’opposer au fanatisme. Et de survivre au-delà des tragédies passées.
Un jour, dans un futur lointain, Israéliens et palestiniens, et même d’anciens partisans du Hezbollah, j’imagine, s’assiéront ensemble autour d’une table dans un café, autour d’une bière ou d’un café. Et ils se rappelleront les « vieux jours », en échangeant des anecdotes et même quelques plaisanteries.
Un jour, nous rirons tous ensemble.
Ca fait du bien de penser à ça. Je veux dire, de rendre les haineux, les fanatiques et les fascistes religieux encore plus dingues qu’ils ne le sont déjà. Ils sont fous, absolument, et ça, ce n’est pas une plaisanterie. Mais il serait drôle de voir que nous pouvons les rendre un peu plus fous qu’ils ne le sont déjà.