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Ha’aretz, 31 août 2003
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Le surprenant discours de Hassan Nasrallah prononcé dimanche va presque certainement sauver Ehoud Olmert d’une commission d’enquête gouvernementale. Le ministre de la défense, Amir Peretz, et le chef d’état-major Dan Haloutz peuvent eux aussi respirer. Car les déclarations de Nasrallah constituent un coup sévère donné aux mouvements de protestation, déjà en baisse. L’explication est simple : les déclarations fracassantes du leader du Hezbollah ont été résumées en deux mots par la plupart des médias israéliens, palestiniens et étrangers : « Nasrallah regrette ».
Si Nasrallah regrette vraiment, et s’il admet qu’il a fait une erreur, il s’agit en pratique d’un aveu d’échec, car la guerre est en général un jeu à sommes nulles. Si un côté perd, la conclusion est que l’autre a gagné. En d’autres termes, le gouvernement Olmert et l’armée commandée par Dan Haloutz ne s’en sortent pas si mal après le discours de Nasrallah.
Et si cela est vrai, pourquoi une commission d’enquête sérieuse ? Mais cela peut aussi être un règlement de compte intra-libanais, une tentative de rejeter la critique selon laquelle le Hezbollah a été la cause de la destruction du Liban. Les dirigeants iraniens ont eux aussi, sans aucun doute, un rapport avec les déclarations de Nasrallah. Dans une interview surprenante, de plus de deux heures, il y a eu un certain nombre de déclarations extraordinaires. Et avant tout, l’expression de regrets et l’aveu qu’une erreur a été commise. Les dirigeants politiques n’ont pas l’habitude de faire de telles déclarations.
L’interview a surpris le correspondant convoqué sur le lieu où se cache Nasrallah. Des journalistes palestiniens ont écrit hier que c’était la première fois depuis le début de la guerre que Nasrallah était interviewé par une chaîne de télévision libanaise non contrôlée par le Hezbollah. D’après les Palestiniens, les déclarations de Nasrallah n’étaient pas dictées par le désarroi, au contraire. Le fait qu’il ne craint pas l’autocritique est une preuve de sa crédibilité.
On pourrait relier le discours de Nasrallah à l’implication de l’Iran au Sud Liban et aux immenses bunkers qui viennent d’être découverts près de la frontière Nord d’Israël. « Une ville souterraine », disent les Israéliens, qui couvrait deux kilomètre carrés et comprenait des colonnes en béton, des lignes téléphoniques et autres équipements. Tout cela, qui devait servir à une campagne intensive, a été sans nul doute construit avec l’aide de l’Iran.
La construction d’un système de ce type coûte une fortune et exige des compétences et des moyens. Si l’Iran, qui a fourni 13.000 missiles au Hezbollah et l’a aidé à construire ces bunkers, ce n’était pas pour lui permettre d’enlever deux soldats et les échanger contre une poignée de prisonniers libanais détenus en Israël. Apparemment, l’Iran avait des plans plus ambitieux, comme l’initiative d’une guerre contre Israël au cas où les Américains (avec ou sans l’assistance d’Israël) attaqueraient l’Iran pour empêcher le développement de son arsenal nucléaire.
Dans ce contexte, certains Iraniens se sont fâchés avec le Hezbollah, celui-ci ayant permis que la guerre se développe sans raison. D’après un analyste palestinien, c’est la pression iranienne qui a empêché Nasrallah d’utiliser des missiles à longue portée Zelzal capables de frapper Tel-Aviv. D’après cette théorie, les déclarations relativement modérées de Nasrallah ont un rapport avec ce qu’a dit le président iranien Ahmadinejad dans un discours il y a deux jours. L’Iran n’est une menace pour personne, « pas même pour le régime sioniste qui est pourtant l’ennemi juré de tous les peuples de la région « , avait dit Ahmadinejad.
L’Iran essaie-t-il de gagner du temps pour continuer à bâtir sa capacité nucléaire ? Tout cela reste du domaine des hypothèses. Pour le moment, il est clair que Nasrallah, influencé d’une manière ou d’une autre par l’Iran, a aidé Olmert, Peretz et Haloutz à passer à travers les gouttes