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Yediot Aharonot, 26 juillet 2006
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
A l’hôpital Rambam, à Haïfa, on s’adresse avec respect à Haitam Nasrallah, 28 ans. Le docteur Nasrallah, jeune et bel homme, a étudié médecine en Italie, et effectue actuellement son internat à Haïfa. Les autres médecins de l’hôpital lui prédisent un avenir brillant, malgré son nom encombrant.
Les soldats et patients qui remarquent pour la première fois le badge du jeune médecin le regardent d’abord avec curiosité et même soupçon. Ils se sont rués à l’hôpital à cause des roquettes de Hassan Nasrallah, et voilà qu’un autre Nasrallah les attend dans la salle des urgences ? Mais le regard soupçonneux se transforme très vite en sourire et même en rire.
Le docteur Haitam Nasrallah est chrétien. Il habite Shfar’am [ville arabe proche de Haïfa] et compte épouser sa fiancée, elle aussi habitante de Shfar’am.
Il n’a aucune intention de changer de nom. « D’abord parce que c’est mon nom. Et puis, c’est celui-là, à Beyrouth, qui devrait changer de nom. Pourquoi moi ? Moi et ma famille portons fièrement ce nom depuis des générations. Il signifie ‘gardien de Dieu’. Je n’ai aucun problème avec ça, sauf pour ce qui est de ces tremblements (produits par les roquettes). »
Alors que Nasrallah regarde la télévision avec ses collègues médecins et spécialistes, et que le leader du Hezbollah apparaît à l’écran, « Yalla (‘allez’), parle à ton cousin et dis-lui d’arrêter ces missiles », plaisante un collègue.
L’un de ses patients sort de l’hôpital, il s’approche du médecin et lui dit : « Tu peux en être sûr, je n’oublierai jamais ton nom.. » « Bien sûr, j’espère qu’ils me connaissent par mon travail et pas seulement à cause de mon nom », explique Nasrallah.
« Je soigne quiconque arrive à Rambam, sans considération d’origine, de religion ou de nationalité. Je suis israélien et j’habite Israël. J’en suis fier comme je suis fier des relations extraordinaires qui règnent à l’hôpital entre tout le staff, avec les patients, sans rapport avec la race ou la nationalité », dit-il.
Comme Haitam Nasrallah, plusieurs dizaines de médecins arabes travaillent à Rambam, musulmans, chrétiens et druzes. L’un de ses collègues, le docteur Hani Bahous, 47 ans, espère que la paix au Moyen-Orient adviendra bientôt et que de bonnes relations s’établiront entre tous les peuples, comme celles qui règnent à l’hôpital Rambam et à Haïfa en général.
Alors que nous nous entretenons avec le docteur Nasrallah, les sirènes d’alerte retentissent encore une fois sur Haïfa. Après un certain nombre de regards insistants, il sourit : « OK, OK, je l’appelle et je lui dis d’arrêter. »