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Ha’aretz, 4 janvier 2006
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Que n’avons-nous pas encore eu dans cette campagne électorale ? Nous avons eu droit au « big bang » qui a secoué la classe politique israélienne, aux deux vieux sages tribaux qui ont quitté leurs partis respectifs, et à la crise cardiaque de Sharon.
Et ce mardi, encore un joker : trois ans exactement après le début de l’affaire Cyril Kern, aujourd’hui, comme un cauchemar, il revient hanter Ariel Sharon et ses conseillers à la veille de ce qui apparaît comme une grande victoire électorale. Quel impact aura cette carte sur l’élection ? C’est la question à trois millions de dollars.
Ce nouveau développement intervient à un moment particulièrement problématique du point de vue de Sharon. Son fils Omri a démissionné de la Knesset mardi, suite à son inculpation pour financement illégal de campagne électorale, la peine restant à fixer, probablement dans les prochaines semaines. Si, en plus, l’affaire Cyril Kern (et, depuis mardi, l’homme d’affaires Martin Schlaff) fait une nouvelle fois la une des médias, et pire encore, occupe les tribunaux et les salles d’interrogatoire, cela pourrait nuire à Sharon et à son parti.
Nuire à quel point ? Difficile à dire. La perte de trois ou quatre sièges au profit du Shinoui ou des travaillistes ne serait pas un coup mortel. Pour être réélu premier ministre, Sharon n’a besoin que d’être à la tête du parti le plus important. Même avec la perte de 10 sièges, tous les sondages indiquent que Kadima arrivera tout de même en tête et que Sharon sera invité à former le nouveau gouvernement.
Il faudrait que quelque chose de vraiment grave se produise, comme une recommandation par la police de l’assigner en justice, un fait prouvant clairement qu’il savait tout, ou quelque chose (de l’ordre du juridique, pas du médical) qui remettrait en question sa capacité à gouverner.
Le scoop de mardi soir sur la chaîne 10 du journaliste Baroukh Kra, qui a révélé l’affaire, a dû faire sourire Amir Peretz (travailliste) et Yossef Lapid (Shinoui). Peut-être cela nous sortira-t-il de l’ornière où nous sommes, se disent-ils peut-être dans leur barbe. Peut-être. Il y a trois ans, les titres étaient les mêmes, ce qui n’a pas empêché Sharon de remporter sa plus grande victoire. On affirme que son conseiller Arthur Finkelstein aurait dit : « l’opinion préfère un corrompu plutôt qu’un imbécile ». Après tout, c’est peut-être le camp Sharon qui aura soufflé l’affaire au journaliste…