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Ynet, 3 mai 2005
Marre des fanatiques !
Par Gershon Baskin [Gershon Baskin est le co-directeur israélien de l’IPCRI, Israel/Palestine Center for Research and Information. [ ]]
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
De tous côtés, on nous appelle à ressentir empathie et sympathie envers les colons évacués de Gaza. On nous appelle à nous identifier à leurs souffrances, et à ressentir avec eux les difficultés que leur crée le retrait. Ils parlent d’expulsion et de transfert. Ils se voient comme des réfugiés. Ils veulent nous enrôler à leur service. Ils veulent abattre le Premier ministre et son gouvernement. Ils veulent que nous fermions le pays.
Mais je ne suis pas avec eux, et ne le serai jamais. J’appelle tous les Israéliens à s’opposer à eux et à leur action.
Je n’ai aucune pitié pour eux, et je ne m’identifie en rien à eux. Ce n’est pas moi qui les ai envoyés à Gaza. Ce n’est pas en mon nom qu’ils se sont installés sur une terre qui ne leur appartient pas. Les colons de Gaza y sont allés de leur plein gré, en leur nom à eux, et pour leur propre bénéfice.
La terre sur laquelle ils ont construit leurs villas a été volée aux Palestiniens, comme l’eau avec laquelle ils irriguent leurs pelouses, leurs jardins et leurs serres et remplissent leurs piscines. Ils ont construit leurs immenses maisons grâce aux subventions payées par les contribuables israéliens. Ils n’ont vécu que grâce à la protection de l’armée. Quand ils placent leurs enfants à portée de tir, ils exigent de nous que nous les protégions et se plaignent qu’ils sont à portée de tir.
Loi détournée, abus de pouvoir
Ils ont exploité une main-d’œuvre palestinienne bon marché, et se sont enrichis par la sueur de cette main-d’œuvre. Par leur existence même, ils ont empêché que toute la bande de Gaza soit rendue aux Palestiniens dans le cadre des accords d’Oslo, et ainsi, Israël a continué à en contrôler quelque 30%, alors que l’Autorité palestinienne aurai dû la contrôler dans sa totalité, ce qui a constitué l’une des nombreuses raisons de l’échec d’Oslo.
Pendant des années, ils ont manipulé le monde politique israélien, et on joui d’un pouvoir et d’une influence disproportionnés. Depuis la création du Goush Emounim [[Goush Emounim (« Bloc de la fidélité ») : mouvement créé en 1974 par des radicaux du Parti national religieux. Il revendique l’annexion à Israël des territoires palestiniens et s’est montré très actif dans la création de colonies]], ils ont détourné la loi et abusé de leur pouvoir pour voler de plus en plus de terres aux Palestiniens.
Aujourd’hui, ils pleurent et traitent Ariel Sharon de dictateur, pour la simple raison que pour la première fois depuis 1967, ils ont perdu le contrôle du processus de décision en Israël. Des décisions ont été prises démocratiquement par le gouvernement et par la Knesset (l’institution la plus souveraine du régime israélien), mais parce que ces décisions allaient contre leurs intérêts, ils traitent le Premier ministre et le ministre de la Défense de « traîtres ».
Le gouvernement israélien et la Knesset ont décidé de les ramener à la maison, à l’intérieur de l’Etat d’Israël. Ce ne seront pas des réfugiés, et il ne s’agit pas d’un transfert. Le gouvernement et la Knesset ont agi dans l’intérêt de l’Etat d’Israël et de son peuple, et cet intérêt est de nous sortir de Gaza.
Crachats et injures
Ils se plaignent que le gouvernement ne leur parle pas, mais quand des ministres font à Gaza leur parler, on les insulte, on leur crache au visage, on les boycotte, on manifeste brutalement. Les colons ont institué un régime de terreur psychologique envers ceux des colons qui disent ouvertement être prêts à partir de leur plein gré.
Ils ont enrôlé Dieu et ses représentants autoproclamés sur terre pour nous menacer et nous faire peur. Au nom du judaïsme, ils affirment qu’il est interdit de transférer une quelconque portion de la terre d’Israël à un « étranger ». Qui leur a donné le droit de parler au nom du judaïsme?
Ils parlent de guerre civile, et nous menacent de la déclencher si le désengagement s’effectue. Ils disent qu’il y aura des violences, et qu’ils ne pourront pas les contrôler. Ils se déplacent avec des armes que l’Etat leur a fournies, et maintenant, ils nous menacent de ces mêmes armes.
Ils continuent à construire des maisons et des synagogues, même après que la décision du désengagement a franchi le dernier obstacle encore sur sa route. Ils invitent d’autres fanatiques à se joindre à eux, pour empêcher l’application d’une décision du gouvernement et de la Knesset.
Ils parlent du droit démocratique de s’opposer à la décision de la Knesset, et en même temps, ils violent la loi et menacent de désobéir aux ordres de l’armée et de la police. Ils appellent à refuser d’obéir aux ordres, tout en agressant physiquement et verbalement les soldats et les policiers envoyés pour disperser leurs manifestations illégales.
Les colons sont l’obstacle principal à la paix
Ils ferment les principaux axes routiers, et menacent de désorganiser notre vie quotidienne à mesure qu’approche la date du désengagement. Ils parlent d' »amour », mais haïssent la majorité des Israéliens, qui soutiennent le désengagement.
Ils espèrent et prient pour que les Palestiniens violent la « hudna » (trêve) pour qu’ainsi, le désengagement ait lieu sous le feu, appuyant ainsi leurs prophéties d’apocalypse.
Les colons sont l’obstacle principal à la paix et à une vie normale dans ce pays. A cause d’eux, l’Etat d’Israël pourrait perdre son âme, se perdre lui-même. A cause d’eux, nous perdons le soutien que la communauté internationale accorde à notre droit à exister en tant qu’Etat. Ainsi, ils sont un danger pour la pérennité de l’Etat d’Israël.
Ce sont des fanatiques, des dingues, et leur fanatisme est dirigé contre nous tous. Nous en avons marre de vous : descendez du toit et rentrez à la maison, dans le calme !