Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les journalistes du département en langue arabe de Kol Israël (La Voix d’Israël, radio nationale, ndt) ne doivent pas employer le mot « victimes » quand ils se réfèrent aux civils palestiniens tués au cours de l’intifada, si l’on en croit le manuel distribué la semaine dernière aux rédacteurs et aux journalistes de Reshet Dalet, la station en langue arabe de Kol Israël. Au lieu du mot « victimes », il faut parler à l’antenne de « morts » (katla).

Les instructions comprennent d’autres instructions concernant certaines
expressions :

* « Les citations de propos par des Palestiniens ou des Arabes ne doivent pas être précédées du mot « akkada » qui signifie « souligner ». Cela, dit le manuel, « pourrait donner l’impression que vous soutenez, ou que vous vous identifiez avec les propos cités ».

* « Le mot « version » ne doit pas etre employé pour qualifier les déclarations faites par un « porte-parole officiel » – comme Tsahal par exemple – « parce que cela donne l’impression que vous émettez un doute sur la déclaration ». Mais, ajoute le manuel, « il n’y a aucune restriction concernant l’emploi du mot quand on se réfère au côté palestinien ».

* Quand un porte-parole officiel, tel le porte-parole de Tsahal, dément « des mensonges et des propos diffamatoires comme le massacre de Jénine, il n’est pas suffisant d’employer l’expression ‘nafa’ (démentir), comme cela a été fait dans certaines émissions ». Au lieu de cela, les journalistes doivent employer des verbes qui font bien comprendre que ces allégations constituent un mensonge, et le répéter en ajoutant a la fin : « le porte-parole a souligné que ces allégations diffamatoires sont totalement fausses et dénuées de fondement. »

* Quand un député de la Knesset contredit ou réfute des déclarations du Premier ministre, « n’employez jamais d’expressions comme « réfuter » ou « contredire », mais dites à la place : « le député a objecté, ou a exprimé ses objections à propos de la déclaration du Premier ministre. »

* Le mot « assassiner » ne doit pas être employe en reférence aux assassinats
par Israël d’activistes palestiniens. Il faut à la place employer le mot « tuer » (katal en arabe), pour les actions que Tsahal nomme lui-même des « assassinats ciblés ».

Les journalistes du département arabe disent que depuis le debut de l’intifada dans les territoires, il y a eu une intervention considérable de la part de la direction dans les programmes. Pour plusieurs employés de cette station, cela porte atteinte à la réputation de fiabilité et d’intégrité dont elle jouit auprès des auditeurs arabes israéliens, et dans le monde arabe.

Edmond Skhayyek, chef du département, a déclaré que le manuel n’avait pas
encore été validé, et qu’il n’avait pas encore déterminé sa position par rapport à ses directives. Selon lui, le manuel n’a pas encore été distribué, ce qui est démenti par les employés.